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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


G. Fonsegrive. — Essai sur le libre arbitre, sa théorie et son histoire. Paris, F. Alcan. 1887. 1 vol.  in-8o de la Bibl. de Philosophie contemporaine.

I. — La question du libre arbitre vient d’inspirer un nouvel ouvrage. M. Fonsegrive, professeur de philosophie au lycée de Bordeaux, lui a consacré un volume in-8o de 592 pages. C’est le développement d’un mémoire couronné il y a deux ans par l’Académie des sciences morales et politiques.

C’est probablement aux conditions de ce concours que l’ouvrage doit son double caractère historique et dogmatique. L’ouvrage est coupé en deux parties : dans la première, qui tient un peu plus de la moitié du volume, M. Fonsegrive expose et passe en revue les théories du libre arbitre que présente l’histoire de la philosophie et des croyances religieuses ; dans la seconde, il nous donne sa théorie personnelle. Je ne suis pas bien convaincu de l’utilité qu’il y a à joindre ainsi dans un même volume les recherches historiques et les recherches dogmatiques. Les deux sujets me semblent très différents ; chacun a son importance ; mais ils ne me paraissent pas liés par des rapports bien étroits. Je comprendrais mieux que l’on subordonnât entièrement l’un à l’autre. Par exemple, en faisant la théorie du libre arbitre ou de tout autre sujet, on indiquerait ce qui, dans la manière de voir que l’on adopte, est emprunté aux auteurs qui ont déjà traité la question. Ou bien, en faisant l’histoire d’une question, on prendrait, comme terme de l’évolution, du rythme des croyances, la théorie définitive, à supposer qu’elle existât, et l’on pourrait s’en servir pour déterminer le sens et l’importance des diverses variations. Mais en somme la question du libre arbitre chez l’homme, par exemple, est une question de psychologie ; l’histoire des théories du libre arbitre peut servir à connaître l’évolution historique ou le rythme de la pensée humaine, ce qui est aussi une question de psychologie, mais qui n’est pas essentiellement liée à la première. Au reste, je dois dire d’un côté que mon objection ne s’adresse pas à M. Fonsegrive qui a sans doute traité son sujet selon le programme indiqué, de l’autre qu’il serait vraiment regrettable que la partie historique n’ait pas été traitée par lui, car elle est fort intéressante, extrêmement claire et très exacte en général. Ma critique signifierait donc