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RIBOT.le mécanisme de l’attention

normal) à 193ὀ (état hypnotique), résultat qui pouvait être prévu en raison du monoidéisme propre à l’hypnose.

Wundt et Exner ont fait d’autres expérience sur l’homme normal. Tantôt le sujet est pris à l’état de distraction, l’impression contre laquelle il doit réagir survenant à l’improviste et sans avoir été déterminée d’avance. Tantôt l’impression est déterminée quant à sa nature et à son énergie, mais non quant au temps où elle doit se produire. Tantôt l’impression est complètement déterminée (nature et temps), un signal avertissant le sujet que l’impression va suivre. Dans cette marche ascendante de l’indétermination vers la détermination, le temps de la réaction va toujours diminuant, comme on pouvait le supposer d’avance. Ainsi, tandis que dans le cas de distraction il peut s’élever au chiffre énorme de 500ὀ, il tombe dans le second cas à 253ὀ et avec signal à 76ὀ.

Ces expériences nous présentent sous la forme la plus simple l’état dit d’attention expectante ou de préattention. Elles comportent quelques remarques propres à corroborer ce qui a été dit précédemment.

Si, dans l’attention expectante, on considère le côté intellectuel, on voit qu’elle est un stade préparatoire durant lequel est évoquée l’image d’un événement prévu ou présumé. L’état de monoidéisme est constitué de sorte que l’événement réel n’est que le renforcement de la représentation préexistante. Dans certaines expériences, deux impressions presque simultanées sont produites, il s’agit de déterminer laquelle est antérieure dans le temps. Si elles sont de nature différente, l’une auditive (un coup de timbre), l’autre visuelle (une étincelle électrique), on a une tendance à considérer comme antérieure, soit la plus forte impression, soit celle sur laquelle était dirigée l’attention. En se livrant à des recherches de ce genre, Wundt pouvait, à volonté, suivant la direction donnée à son attention, voir tantôt l’une, tantôt l’autre la première. Quand les deux excitations sont de même nature, on ne perçoit bien que la première, la seconde passe inaperçue.

Si l’on considère le côté moteur de l’attention expectante, on voit qu’elle produit une innervation préparatoire des centres nerveux et des muscles qui, au moindre choc, peut se convertir en impulsion réelle. La représentation seule peut donc produire une réaction, sans cause extérieure.

Cet état explosif se produit surtout dans les cas où l’impression attendue est indéterminée, dans les cas qu’on pourrait appeler d’attention expectante en général. L’innervation motrice se partage entre tous les domaines sensoriels : il se produit alors un sentiment