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BINET.la vie psychique des micro-organismes

latérale ; la colonie se développe dans un seul plan : elle a la forme d’une petite plaque rectangulaire, d’une belle coloration verte. Chez les Pandorina, la colonie a la forme d’une petite sphère ; elle est composée de seize ou bien de trente-deux individus réunis sous une enveloppe épaisse ; chaque individu reste libre et envoie à travers la cuticule ses deux flagellums. Chez l’Eudoryna elegans, la colonie est construite à peu près sur le même type, sauf qu’elle se compose de trente-deux individus et que ceux-ci, placés à des distances égales sous la cuticule commune, ne se touchent pas.

On trouve dans le genre Volvox les colonies dont la composition est la plus complexe. Ce sont de grosses boules vertes, composées par une réunion de petits êtres qui occupent la surface de la sphère en se touchant par leurs enveloppes ; ils ont chacun deux flagellums qui traversent leur membrane d’enveloppe et flottent librement au dehors ; les enveloppes, en se comprimant réciproquement, forment des figures hexagonales, absolument comme les alvéoles des abeilles. Chaque Volvox est libre dans son enveloppe ; mais il émet des prolongements protoplasmiques qui traversent sa cuticule et le mettent en rapport avec le protoplasma de l’individu voisin. Il est probable que ces fils protoplasmiques servent, comme autant de fils télégraphiques, à établir un réseau de communication entre tous les individus d’une même colonie ; il faut en effet que ces petits êtres communiquent entre eux pour que les mouvements de leurs flagellums se fassent avec harmonie et que la colonie tout entière obéisse à une impulsion unique. Le nombre des petits êtres qui composent une colonie de Volvox est fort considérable : on en a compté jusqu’à 12 000.

C’est sur des phénomènes analogues que Gruber s’appuyait pour admettre chez les Stentors l’existence d’un système nerveux diffus. On peut faire le même raisonnement à l’égard des Volvox. Puisqu’il existe un consensus entre les mouvements des douze mille petits êtres qui composent la colonie, il faut supposer que leurs mouvements sont réglés par l’action d’un système nerveux diffus dans leur protoplasma. Cette conclusion est d’autant plus intéressante que les Volvox sont des Micro-organismes végétaux.

Chez le Volvox dioïque, les cellules femelles et les cellules mâles sont réunies dans des colonies distinctes. Lorsque le moment de la fécondation arrive, les cellules mâles ou anthérozoïdes se dispersent et viennent se conjuguer avec les cellules femelles. La colonie qui porte les cellules femelles comprend aussi des cellules neutres, qui ne sont pas destinées à être fécondées ; ces dernières remplissent simplement une fonction locomotrice ; munies d’un œil et de deux flagellums, elles sont destinées à mouvoir la grosse boule coloniale :