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l’oesophage du Lagynus et avec lesquels celui-ci a transpercé sa proie au moment où il la touchait par son extrémité antérieure[1].

Dans un état plus élevé d’organisation, le Microzoaire qui possède une bouche se déplace pour aller au-devant de sa proie, et lui donne la chasse.

Le Didinium nasutum (Stein), un des Infusoires carnassiers les plus voraces de nos eaux douces stagnantes, opère d’une façon un peu plus compliquée : il décharge ses trichocystes à distance sur sa victime. L’intérêt de cet exemple nous détermine à nous y arrêter un moment.

[Image à insérer]

FIG. 7. — Didinium nasutum grossi deux cents fois environ. La figure représente un Didinium s’emparant d’un Paramecium aurelia. On aperçoit autour de la Paramécie les filaments urticants décochés par le Didinium ; et la Paramécie, déjà saisie à l’aide de l’organe linguiforme de ce dernier, est graduellement attirée vers l’ouverture buccale (d’après Balbiani).

Le Didinium (fig. 7) peut être comparé, au point de vue de la forme générale du corps, à un petit baril arrondi à l’une de ses extrémités et terminé à l’extrémité opposée par une surface à peu près plane, au milieu de laquelle s’élèverait une saillie conique assez prononcée. Cette saillie est un organe de déglutition ; on y remarque une striation longitudinale formée par de petites baguettes solides, d’une ténuité extrême et indépendantes de la parõi. Ces organes sont des armes dont le Didinium se sert pour attaquer la proie vivante dont il fait exclusivement sa nourriture.

Non seulement il attaque et dévore des animaux presque aussi gros que lui-même, mais il s’en prend souvent à des individus de sa propre espèce. Ce sont toujours des Infusoires, jamais des Rotateurs, bien que ceux-ci soient souvent abondants dans les lieux où vit le Didi-

  1. Maupas, op. cit., p. 495.