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réactions chimiques, absorbant avec énergie les matières colorantes et devenant plus brillant lorsqu’on le traite par les acides. Schmitz donne à ce petit corps le nom de pyrénoïde (de πυρὴν, noyau). C’est tout autour du pyrénoïde, et probablement sous son influence, que se forme l’amidon ; il se dépose en grains ou se réunit en anneau autour du pyrénoïde, comme on s’en assure facilement en les colorant par l’iode.

On observe aussi une production d’amidon chez des Flagellés incolores, par exemple le Polytoma uvella. Ces êtres ne possèdent pas de chromatophores, mais Künstler d’abord, puis Fisch ont constaté que chaque grain d’amidon est attaché à une petite masse protoplasmique incolore, qui est le foyer de formation du grain. C’est précisément ce qui se passe chez les végétaux, où l’on trouve des amido-leucites incolores. Cette petite masse de protoplasma est toujours opposée au hile du grain d’amidon.

Comme la fonction du chromatophore s’accomplit uniquement sous l’influence de la lumière, il en résulte que les Micro-organismes verts ont besoin de la lumière pour se nourrir.

Or, on peut constater à ce sujet un fait bien frappant. Si l’on jette un coup d’œil d’ensemble sur le règne des protozoaires, on s’aperçoit qu’il existe une coïncidence remarquable entre la présence d’un œil et celle de pigment chlorophyllien. Les organismes pourvus d’une tache oculaire sont le plus souvent pourvus de pigment chlorophyllien, ou, en d’autres termes, se nourrissent comme les végétaux, en fabriquant de l’amidon sous l’influence de la lumière. Ce fait prouve que la sensibilité à la lumière est en quelque sorte une dépendance de la fonction chlorophyllienne. Si les Flagellés qui ont des chromatophores, c’est-à-dire des organes fabriquant l’amidon, ont en même temps des taches oculaires, c’est parce que ces yeux rudimentaires leur permettent de se porter vers la lumière, qui est l’agent nécessaire à l’action chlorophyllienne. Aussi, tous les Micro-organismes qui ont des yeux se nourrissent-ils comme des végétaux. Chez eux, l’œil a pour but de diriger l’accomplissement d’une fonction végétale.

Il est intéressant de remarquer à ce sujet que les Euglènes pourraient se nourrir comme des animaux, car elles ont une bouche et un appareil digestif. L’orifice buccal s’ouvre à l’extrémité antérieure à la base du flagellum ; il est suivi d’un court tube œsophagien. (Voir, fig. 6, la bouche et l’œsophage d’une Euglène.) Cependant on ne voit point l’Euglène se servir de sa bouche pour avaler des particules alimentaires. Il y a là un problème assez curieux ; s’il est vrai, comme on l’a prétendu, que c’est la fonction qui fait l’organe, com-