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BINET.la vie psychique des micro-organismes

de la chlorophylle, et qui se nourrissent en fabriquant des aliments organiques dont ils empruntent les éléments au milieu ambiant. Il est à peine besoin de rappeler que la fonction chlorophyllienne constitue une nutrition et non une respiration. On désignait autrefois ce phénomène sous le nom de respiration diurne des plantes. Ce terme implique trois ou quatre erreurs. Disons seulement que les végétaux respirent comme les animaux, en se combinant avec l’oxygène, et que cette respiration est la même pendant le jour et pendant la nuit. La fonction chlorophyllienne n’est point une respiration ; elle a pour effet de décomposer l’acide carbonique de l’air, et de fixer le carbone qui sert à la plante à construire des matières ternaires ou quaternaires. Ce travail chimique est exécuté par tous les êtres à chlorophylle, sous l’influence des radiations lumineuses.

La chlorophylle n’appartient pas exclusivement au règne végétal. Un grand nombre de Micro-organismes animaux sont colorés en vert par ce pigment ; on les rencontre principalement dans le groupe important des Flagellés.

Leurs appareils d’assimilation, qui existent aussi chez toutes les plantes vertes, portent le nom de chromatophores ; ils ont été, dans ces derniers temps, l’objet de recherches intéressantes.

Les chromatophores sont de petites masses de protoplasma qui se sont différenciées du protoplasma général en affectant une structure particulière. Ces petites masses, qui portent le nom de leucites chez les végétaux, ont une structure granuleuse et réticulée ; elles sont imprégnées d’une matière colorante verte, ou jaune, ou brune ; il existe plusieurs matières colorantes qui par leur mélange en proportions diverses forment des couleurs très variées. La plus connue, après la chlorophylle verte, est la chlorophylle jaune, ou diatomine. Cette matière colorante peut être absorbée par l’alcool.

Les Euglénoïdiens, les Clamidomonadiens et les Volvociniens présentent des chromatophores énormes. Chez les Euglènes, les chromatophores sont formés de petites plaques discoïdes ; ils sont placés immédiatement au-dessous de la cuticule, afin que la lumière puisse agir sur eux. (Voir fig. 4.) Chez certaines espèces de Flagellés, ils se présentent sous la forme de deux grandes plaques, placées sous la cuticule, qui enveloppent le protoplasma comme une cuirasse formée de deux pièces. Les Chlamidomonadiens et les Volvociniens ont des chromatophores verts, discoïdes, très petits.

Au centre du chromatophore, on voit un petit espace clair que l’on considérait autrefois comme rempli de chlorophylle ; en réalité, c’est un petit globule solide qui offre la plus grande analogie avec la substance composant les noyaux, avec la nucléine ; il présente les mêmes