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observations de Lieberkühn, qui remontent à 1857, les Infusoires métaboliques ont le corps divisé en bandes larges, granuleuses, séparées par des filaments brillants. On s’est demandé quel est l’élément contractile : est-ce la bande, est-ce le filament ? Oscar Schmidt, Kölliker, Stein, Rouget croient que c’est la bande qui se contracte. Cette opinion s’appuie sur le fait suivant que M. Rouget a vu le premier : au moment où l’animal se contracte, la bande présente des stries transversales ; cette apparence tient à ce que les bandes contiennent à l’état de repos de petites granulations qui, pendant la contraction de l’animal, se disposent en séries transversales, de façon à rappeler les sarcous elements de Bowman.

Lieberkühn, Greef, Engelmann attribuent le rôle actif au filament brillant. Engelmann[1] a fondé son opinion sur ce fait qu’il a reconnu au filament la propriété de la double réfraction, qui, suivant lui, appartient à toutes les substances contractiles, tandis que la substance qui sépare les filaments ne présente que la réfraction simple. Quoi qu’il en soit, il y a un de ces deux éléments qui a la propriété de se contracter, et qui mérite le nom de myophane, que Hæckel lui a donné. Il est très remarquable que les stries fibrillaires sont, chez les Stentors et les Spirostomes, en connexion intime avec l’extrémité basilaire des cils vibratiles. Chez les Vorticelles, on voit nettement les fibrilles converger vers l’axe du style, dont elles constituent l’élément contractile.

Nous ne quitterons pas l’étude des organes moteurs sans dire un mot des mouvements rythmiques que l’on voit se produire dans la vésicule contractile des Micro-organismes tant végétaux qu’animaux. Cette vésicule est une petite cavité qui est creusée dans le protoplasma, et qui alternativement augmente et diminue de capacité. On n’est point d’accord sur sa fonction ; Bütschli et Stein la considèrent comme un appareil sécrétoire. Ses pulsations sont très régulières. Leur nombre est constant pour chaque espèce. Chez le chilodon cucullulus il se produit une pulsation chaque deux secondes ; chez le Crytochium nigricans, toutes les trois secondes ; chez les Vorticelles, toutes les huit secondes ; chez les Euplotes, toutes les vingt-huit secondes ; chez l’Acineria incurvata, toutes les six minutes. Rossbach, dont nous avons cité déjà les expériences curieuses sur les cils vibratiles et les cirres, a fait des expériences analogues sur les vésicules contractiles. Il a vu notamment que, sous l’action des alcaloïdes, la vésicule contractile s’arrête en diastole et se dilate énormément ; mais l’agent toxique n’agit pas tout de suite sur les mouvements de

  1. Arch. de Pflüger, 1876.