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il se produit au moment du besoin, et disparaît dans la masse du corps, quand le mouvement est exécuté. Chez les Actinophrys, il y a un progrès de plus ; les pseudopodes nombreux émis par cet animal, et qui ont la forme de filaments, sont des organes permanents, à attributions fixes.

Les cils vibratiles. — Les cils vibratiles sont des filaments courts, homogènes, extrêmement ténus, qui sont animés d’un mouvement vibratoire. Ce sont des organes de locomotion nettement différenciés. Ils ont d’ailleurs plusieurs fonctions d’abord, ils permettent à l’animal de se mouvoir dans le liquide ; ensuite, ils lui servent d’organe de préhension ; en troisième lieu, ils permettent de renouveler l’eau qui apporte à l’animal l’air nécessaire à la respiration ; peut-être aussi servent-ils d’organes du toucher.

Les cils vibratiles donnent aux Infusoire leur physionomie spéciale, et ont permis de les différencier de tous les autres Protozoaires. On trouve aussi des cils chez des espèces végétales à l’état jeune, et chez les larves de Coelentérés, de Mollusques et de Vers. Mais parmi les Protozoaires, les Infusoires seuls sont ciliés. Les cils sont distribués de façon très différente, suivant les espèces. Chez les holotricha, ils sont disposés régulièrement sur toute la surface du corps, et ils ont tous à peu près la même longueur ; chez les Heterotricha, ils entourent également toute la surface du corps, mais ils sont inégaux. À ce groupe appartiennent les Stentors qui présentent de longs cils insérés autour d’un plateau circulaire se prolongeant jusqu’à la bouche. Ce plateau est un organe rotatoire, analogue à celui des rotifères ; il détermine des tourbillons dans l’eau et l’affluence des corps étrangers vers la bouche : ces êtres ont le reste du corps couvert de cils fins. Chez les Hypotricha, les cils sont placés sur la face ventrale du corps et servent à la locomotion. Chez les Peritricha, ils forment une rangée circulaire ou spirale à la partie antérieure du corps, et conduisent à la bouche. C’est ce qu’on observe chez les Vorticelles, espèces sessiles qui n’ont d’autres cils que ceux qui servent à la préhension des aliments ; le reste du corps est nu.

On a beaucoup discuté sur la valeur morphologique des cils vibratiles ; plusieurs micrographes ont soutenu que les cils dépendent uniquement de la membrane d’enveloppe, et n’ont aucun rapport avec le protoplasma. Telle était notamment l’opinion de Robin, elle est complètement fausse. Les cils ne sont jamais de simples prolongements de la cuticule, ils ont leur racine dans la substance protoplasmique ; ils passent par des orifices de la cuticule qui est par conséquent criblée d’une multitude de petits trous. Engelmann, dans des