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BINET.la vie psychique des micro-organismes

du protoplasma se divise en masses sphériques. Ces états de rétraction sont les analogues de la rigidité musculaire, et, comme elle, représentent l’état de contraction maximum du protoplasma. — Du reste le style des Vorticelles (Carchesium), qui est une formation protoplasmique, reste, dans les mêmes conditions, à l’état de rétraction permanente. Il résulte de là que l’émission des pseudopodes, leur allongement, ne peut en aucune façon être considéré comme un acte direct de la contractilité du protoplasma.

« La production des pseudopodes, un des problèmes les plus ardus, ne peut s’expliquer, selon moi, que de la façon suivante. — Toute masse protoplasmique et spécialement les amibes se compose de deux parties, une couche enveloppante ou ectosarc, visqueuse et élastique, et un contenu central liquide tenant en suspension des granulations.

« Dès l’apparition d’un pseudopode, il se manifeste un courant de liquide qui pénètre dans le pseudopode et semble contribuer à son allongement. Il est bien évident que le liquide est passif, qu’il ne pénètre dans le pseudopode que parce que, pressé de toutes parts, il trouve là une moindre résistance. — Je pense que la substance hyaline homogène (en apparence) du pseudopode est aussi une espèce de hernie de l’ectosarc, se produisant par suite d’une diminution de la résistance élastique dans le point où il apparaît, avec accroissement d’élasticité ou de contractilité (pour moi deux modalités d’une même propriété) dans les parties de l’ectosarc où ne se produisent pas de pseudopodes. — La contractilité ou la tension élastique de ces parties diminuant, revenant au degré primitif, le pseudopode rentre dans la masse. — Ajoutez à cela que, chez une amibe de grande taille, l’Amœba terricola, il m’a semblé que la couche la plus superficielle de l’ectosarc présente des stries d’apparence granuleuse qui seraient identiques aux stries ou fibrilles contractiles de l’ectosarc des infusoires ciliés, Stentor, Spirostomes, Bursaires, etc. » (20 mai 1887.)

Le pseudopode ne représente point un organe de locomotion différencié et permanent ; il est constitué par un simple prolongement de la masse du corps, qui peut se produire sur n’importe quel point du corps, et lorsque l’acte de locomotion a été accompli, ce prolongement rentre dans la masse commune sans laisser de trace de son émission. Chez d’autres espèces animales, par exemple le Petalobus de Lachmann, on saisit un commencement de différenciation des pseudopodes ; ils se forment toujours sur le même point du corps, au niveau de la partie antérieure ; mais malgré cette localisation constante, l’organe moteur n’a qu’une existence transitoire ;