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les animaux de ce groupe, les organes locomoteurs spéciaux font défaut ; ces êtres sont d’ailleurs généralement peu mobiles, ou ne présentent que des mouvements dont le principe est inconnu.

Nous décrirons successivement les pseudopodes, les cils vibratiles et le flagellum.

Le pseudopode. — La formation des pseudopodes a lieu principalement chez les cellules nues, dépourvues de membrane d’enveloppe, chez les Sarcodines en général. On peut les étudier facilement chez l’Amœba princeps, animal microscopique qui se rencontre en abondance dans l’eau douce contenant des matières organiques en putréfaction. Il a l’aspect d’une petite masse gélatineuse, irrégulière, formée d’une substance incolore, le protoplasma. On ne connaît encore que très incomplètement la nature chimique du protoplasma ; on sait seulement qu’il résulte d’un mélange de matières albuminoïdes, avec addition d’eau et de principes minéraux. Dans le protoplasma de l’amibe, existe une petite masse arrondie et réfringente, contenant dans son intérieur un ou deux corpuscules brillants ; on donne à cette petite masse le nom de noyau, et aux corpuscules le nom de nucléoles.

La forme du corps de l’amibe est rendue très irrégulière par le fait que certaines parties de la masse s’allongent et forment des saillies courtes et arrondies que l’on désigne sous le nom de pseudopodes. C’est grâce à ces pseudopodes que l’animal se déplace ; il les émet dans la direction du chemin qu’il parcourt, puis les rétracte, tandis que d’autres points de sa masse s’allongent à leur tour. Le corps entier s’avance en rampant. L’amibe en se déplaçant a l’aspect d’une goutte d’huile qui coule. Pour expliquer le mécanisme de cette marche, il faut supposer que le pseudopode émis prend un point d’appui par son extrémité libre, puis attire à lui, en se raccourcissant, la masse entière du corps. Mais il est difficile de savoir quelle est la cause de l’allongement des pseudopodes. On a supposé que le protoplasma est doué d’une grande élasticité et que l’allongement est le retour de cette substance à sa forme primitive. Telle n’est pas l’explication donnée par M. Rouget. Le savant professeur du Muséum a bien voulu rédiger pour nous la note suivante, dans laquelle il résume son opinion :

« Toutes les fois qu’un organisme protoplasmique meurt ou est soumis soit à une forte excitation électrique, soit à une température relativement élevée (+ 45° à + 50°), les pseudopodes se rétractent et rentrent dans la masse, qui prend une forme globuleuse ; il en est de même pour le protoplasma de cellules végétales dont le réticulum intra-cellulaire se brise en se rétractant, ou bien la masse