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LA VIE PSYCHIQUE DES MICRO-ORGANISMES


L’étude des êtres microscopiques a été jusqu’ici un peu négligée par la psychologie comparée. Les naturalistes qui se livrent à l’observation de ces êtres ont recueilli sur leur vie psychique un grand nombre de faits intéressants ; mais ces faits n’ont pas encore été réunis, ni commentés, ni éclairés les uns par les autres ; ils restent dispersés dans des mémoires et des recueils de toutes sortes où le psychologue ne songe pas à les rechercher ; nous allons essayer de lui faire connaître une partie de ces richesses.

On comprend sous la qualification de Micro-organismes tous les êtres que la petitesse de leur volume et la simplicité de leur structure placent aux derniers degrés de l’échelle animale ou végétale ; ils représentent les formes les plus simples de la matière vivante ; ils sont constitués par une cellule unique[1].

Les uns remplissent les eaux douces et les eaux salées, servant de nourriture à une foule d’autres organismes, ou contribuant, à l’aide de leurs squelettes calcaires ou siliceux, à la formation des continents. Les autres vivent en parasites dans les organes des animaux et des plantes, et amènent un trouble plus ou moins grave dans la santé des organismes qu’ils ont envahis. D’autres enfin, agissant comme ferments, produisent des modifications chimiques importantes dans la matière organisée en voie de décomposition.

Un grand nombre de classifications ont été proposées pour l’arrangement méthodique de ces êtres ; aucune n’est complètement satisfaisante, et cela se comprend. Si une classification naturelle est toujours une œuvre complexe lorsqu’il s’agit d’animaux élevés qui diffèrent entre eux par des attributs importants, sur lesquels la comparaison peut porter, la difficulté est plus grande encore pour des êtres simples qui ne diffèrent que par des caractères légers. La principale division qu’on établit entre eux est celle des Micro-

  1. La doctrine de l’unicellularité, relativement aux infusoires, a été défendue par Siebold et Kölliker ; la majorité des naturalistes s’y est ralliée.