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ANALYSES.h. spitta. Psychologie comme science.

Le pourquoi des règles auxquelles ils obéissent, on ne le connaît pas. L’analyse ne nous mène pas plus loin. Mais on pourrait à la fin, pense M. Spitta, pour simplifier le langage, demander à la synthèse un concept-limite, et accepter l’hypothèse, tolérable au moins, d’une âme immatérielle, indivisible, simple et distincte, d’une substance active dont nous ne savons rien, et dont le psychologue ne dira rien (c’est affaire à la métaphysique), sinon qu’elle est l’agent qui reçoit, reproduit et produit.

Toute la matière de la psychologie serait donc distribuée en trois groupes, selon que l’âme reçoit, fait intérieur ce qui était extérieur, reproduit, élabore ce qui lui est donné, produit, ou agit sur le monde extérieur. L’étude de la sensation en général et des sens en particulier occupe le premier groupe ; celle des représentations, des sentiments et de la pensée occupe le deuxième groupe ; celle des instincts, des passions, du caractère, de la conscience morale, de la liberté, revient au troisième (Voy. p. 139 et suiv.).

M. Spitta, qui a conduit ses travaux personnels avec le secours de la physiologie, fait une place convenable, dans son programme, à l’étude des cas pathologiques. Je renvoie à l’ouvrage même pour y voir le détail de ce programme, car l’intérêt en est surtout dans le détail, trop abondant pour le pouvoir reproduire ici.

Lucien Arréat.

W. Knight.Hume. W. Blackwood and Sons, Edinburgh and London, 1886 (VIII-239).

Je ne me lasserais pas de louer les monographies de la collection Blackwood : « Classiques philosophiques à l’usage des lecteurs anglais » ; elles me paraissent presque toutes excellentes. Voici un nouveau volume : Hume, par M. W. Knight ; il ne le cède pas à ses devanciers.

Selon le plan uniforme que les auteurs de ces petits livres ont adopté, ce volume se divise en deux parties : l’une consacrée à la biographie, l’autre à l’exposition critique de la doctrine, et celle-là presque aussi étendue que celle-ci. L’auteur a profité avec discernement, comme l’avait fait déjà chez nous un de nos maîtres les plus distingués, du grand ouvrage du Hill Burton, « Vie et correspondance de D. Hume ». Il s’est aussi servi de la belle édition de MM. Green et Grose et de divers travaux plus récents. La biographie qu’il nous donne est bien proportionnée, pleine de détails choisis et d’une lecture attachante. Je ne crois pas, il est vrai, qu’on doive y chercher des faits inédits ou des jugements originaux sur les faits connus. Ce n’était pas, sans doute, la tâche de M. Knight de nous en fournir dans une œuvre de vulgarisation ; j’aurais cependant voulu le trouver moins docile à répéter des appréciations contestables. Je n’en donnerai qu’un exemple. On sait que D. Hume, après une crise assez bizarre, vers l’âge de vingt-deux ans,