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devait nécessairement se diviser, et il a eu une vision, confuse et quelquefois incertaine, mais souvent lumineuse, des destinées futures de l’école. Les rapports de Leibnitz et de Spinoza avec Geulincx sont examinés avec beaucoup de sagacité[1].

Cette étude fait grand honneur à M. Haeghen, et il serait à souhaiter qu’on entreprit en France de pareils travaux sur nos philosophi minores. Quand nous aurons la nouvelle édition des œuvres de Geulincx que prépare M. Land, le savant éditeur de Spinoza, nous pourrons tous, en lisant le travail de M. Haeghen et en consultant l’édition de M. Land, nous faire une idée exacte de la philosophie qu’a professée un des penseurs originaux de l’école cartésienne.

F. Picavet.

L. Stein.Die Psychologie der Stoa, erster Band, metaphysisch-anthropologischer Theil. Berlin, 1886, Calvary, 1 vol.  in-8o de 216 pages.

M. Ludwig Stein dédie son ouvrage sur la psychologie du Portique à Zeller, dont il a été l’élève. On reconnaît d’ailleurs, en parcourant ce livre, que l’auteur a appris, à bonne école, la manière d’étudier l’histoire de la philosophie. Il tient compte de tous les textes et les interprète avec beaucoup de sagacité et de réserve ; il expose fort clairement les résultats de ses recherches et donne dans des notes substantielles les document sur lesquels il s’appuie pour les justifier.

L’ouvrage comprend une introduction et deux parties, consacrées l’une à la métaphysique, l’autre à l’anthropologie. L’auteur traite successivement, dans la première partie, du monisme et du matérialisme, du souffle primitif (Urpneuma), de l’âme du monde, du λόγος σπερματικός, de Zénon, de Cléanthe et de Chrysippe, des Stoïciens postérieurs ; dans la seconde partie, il examine les diverses formes que présente le Pneuma, l’origine divine de l’âme, sa substance, sa matérialité, sa naissance, ses parties, ses fonctions, son siège, la maladie, le sommeil, le rêve et la mort, le sort de l’âme après la mort, les doctrines de Zénon, de Cléanthe, de Chrysippe, des moyens et des nouveaux Stoïciens. Un appendice est consacré au microcosme et au macrocosme d’après les Stoïciens.

Nous aurions un certain nombre de réserves à faire ou plutôt un certain nombre de questions à adresser à M. Stein. Est-il bien sûr que tout le système de l’école repose essentiellement sur la psychologie (p. 12), que Zénon se rattache directement à Xénophon, en ce qui concerne l’âme du monde (ch. III), que l’on puisse comparer, comme il le

  1. Voyez la Revue de mai 1886, p. 559, où nous avons résumé l’argumentation d’Eucken contre Pfeiderer.