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prince de la maison d’Autriche, ami des lettres et fervent admirateur de R. Lull, dont il a restauré le culte, une édition complète des œuvres catalanes, qui ne formera pas moins de vingt volumes, et dont ce qui a paru jusqu’ici promet une publication sérieuse, soignée et probablement définitive. Familier depuis plus de quarante ans avec les écrits de Lull, possesseur de nombreux manuscrits, sachant à fond la langue catalane du moyen âge, qu’il imite au besoin dans ses poésies originales, M. Rosselló a tous les titres pour assumer la responsabilité d’une entreprise ardue, que lui seul peut-être pouvait tenter sans trop de présomption, avec le zèle et la confiance d’un admirateur sans fanatisme, avec l’espérance d’élever à l’homme le plus illustre de Majorque, dans sa propre patrie, le monument qui doit honorer le plus cette grande mémoire. Avec la piété d’un compatriote, cet éditeur scrupuleux donne les variantes de tous les manuscrits qui sont à sa disposition, et il pousse l’amour de l’exactitude jusqu’à collationner les textes originaux, pour la plupart inédits, avec la paraphrase latine. Bien que des éloges soient dus, dès à présent, à son courage, à son zèle, à sa bonne volonté, la critique doit suspendre son jugement jusqu’au jour où le diligent éditeur, tout en poursuivant sa lourde tâche, aura publié le résultat de ses investigations bibliographiques, son dessein étant de joindre à l’édition de toutes les œuvres catalanes de R. Lull une bibliographie complète et une biographie nouvelle, l’une et l’autre d’après les sources, avec des indications précises et tous les documents utiles, suivant la méthode sévère qui est de tradition dans cette docte et laborieuse académie de l’histoire dont M. G. Rosselló est un membre distingué.

Voici la liste des principaux ouvrages indiqués dans le prospectus. Le livre du gentil et des trois sages (en cours de publication) ; — le livre de contemplation ; le livre des anges ; — l’art de peser et de résoudre des questions ; — le livre de la chevalerie ; — la doctrine de l’enfance ; le roman de Blanquerna ; le livre de l’ami et de l’aimé ; — l’art d’élection et l’art de contemplation ; — le livre de la première et de la seconde intention ; l’apostrophe ; — l’art d’aimer le vrai et le bien ; le livre de notre dame Sainte-Marie ; — la nouvelle logique ; — la table générale ; — fleurs d’amour ; — l’arbre de science ; — le livre des proverbes ; la philosophie d’amour ; le livre des oraisons (dédié à la reine Blanche d’Aragon) ; — le livre d’astronomie ; — le livre d’astrologie ; le livre de Dieu ; le livre de l’homme ; le livre de ce que l’homme doit croire de Dieu ; — le livre des mille proverbes ; — le livre de confession ; le livre des vertus et des péchés, ou grand art de prêcher ; l’art abrégé ; — complainte de la philosophie ; la consolation de l’ermite. Et la liste n’est pas complète, s’il faut en croire la formule, y otros, grosse de promesses.

La Revue philosophique tiendra ses lecteurs au courant, au fur et à mesure que les volumes se succéderont. Quelques analyses sommaires, des résumés, des citations et des extraits permettront peut-être aux curieux de vieilles nouveautés de se faire une idée raisonnable des écrits