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ANALYSES.nadaillac. tallqvist. Statistiques de la natalité.

donner rapidement une idée générale des variétés humaines. Dans un chapitre final, les auteurs jettent un coup d’œil d’ensemble sur l’évolution ethnographique au point de vue du vêtement, de l’habitation, des rapports entre les deux sexes, de la propriété, de la famille, de la religiosité, de la morale, et montrent ainsi la marche progressive de l’humanité vers le progrès.

En somme, le livre dont nous venons de donner un aperçu sera certainement très utile à la diffusion des connaissances anthropologiques.

L. M.

Nadaillac (marquis de). — Affaiblissement de la natalité en france (Masson, 1886).

Tallqvist.Recherches statistiques sur la tendance a une moindre fécondité des mariages (Helsingfors, 1886).

La population française, on le sait, ne s’accroît plus que par l’immigration étrangère, chaque année plus considérable. Faut-il s’en réjouir ou en pleurer ? M. de Nadaillac, dans une patriotique brochure, pousse un cri d’alarme à ce sujet ; M. Tallqvist, un malthusien hardi et un profond statisticien, nous envoie un rayon d’espoir du fond de la Finlande, en un petit livre, débordant de faits et d’idées, qui fait le plus grand honneur à l’Université d’Helsingfors. Ce dernier auteur, après avoir montré facilement que la fécondité des mariages est une question de civilisation et non de race, accumule les chiffres pour démontrer que le progrès de l’infécondité se lie à tout ce que la civilisation a de meilleur, à l’accroissement de la prévoyance sous toutes ses formes, au développement de l’instruction, à l’adoucissement des mœurs. Bertillon avait déjà fait aux propriétaires cette honte, de découvrir que les départements où il y a le plus de propriétés, de cotes foncières, sont ceux où il y a le moins d’enfants. M. Tallqvist à son tour fait voir que les départements industriels où chaque année l’on compte le plus grand nombre de livrets nouveaux délivrés aux ouvriers dans les caisses d’épargne sont aussi ceux où la natalité est le plus faible, et qu’ainsi dans la population industrielle, comme dans la population agricole, « la fécondité des mariages se règle d’après le degré de prévoyance ». Ce rapport inverse entre la prévoyance et la fécondité, l’auteur le confirme par la statistique des sociétés de secours mutuels et des assurances contre l’incendie : de nombreux tableaux s’accordent à mettre en relief le résultat convergent de ces divers ordres de recherches. Elles s’étendent à la Suède, à la Norvège, au Danemark, à la Prusse, à la Belgique, à la Suisse, à l’Angleterre ; et partout les relations entre les chiffres sont les mêmes. De là l’on induit que la préoccupation croissante de l’avenir explique la « continence volontaire » comme elle explique le nombre croissant des livrets de caisses d’épargne, des adhérents aux sociétés de secours mutuels, des assurances contre l’incendie. Par cette interprétation on rend compte d’un fait qui semble de prime abord para-