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ses beaux travaux sur ce sujet. Dans cette première partie, les auteurs se sont largement inspirés de ce cours et de ces travaux, bien que les travaux des savants étrangers y soient également mis à profit comme ils devaient l’être. Le premier chapitre est une critique du règne humain. Les auteurs y montrent quelle est la véritable place de l’homme dans le monde animal. Dans l’ordre des primates, l’homme constitue une simple famille la famille des hominiens. Suit un chapitre sur l’ordre des primates, puis un parallèle anatomique très complet de l’homme et des singes dans lequel tous les appareils organiques sont successivement passés en revue. Vient ensuite un chapitre sur l’origine de l’homme, sa parenté avec les animaux ; puis un chapitre sur le monogénisme et le polygénisme.

Tous les hommes descendent-ils d’une même souche ? Voilà la question, beau sujet de discussions inépuisables et parfois curieuses. À voir M. de Quatrefages s’évertuer à expliquer par l’influence du milieu toutes les variations de l’espèce humaine, on dirait un partisan fanatique du transformisme. Il l’est en effet lorsqu’il s’agit des races. Mais lorsqu’il s’agit des espèces, il devient un adversaire du transformisme : les espèces sont fixes. Dans le livre de MM. Hovelacque et Hervé, l’opposition n’est pas moins sensible, mais en sens contraire. La variabilité des espèces est pleinement admise ; les auteurs sont transformistes. On pourrait s’attendre, dès lors, à ce que les transformations ethniques, dans le sein de l’espèce humaine, leur paraissent a fortiori faciles à expliquer par l’action des influences qui transforment les espèces elles-mêmes. Loin de là, les variétés humaines ne leur semblent explicables que par la différence des origines. Qu’on ne s’empresse point, toutefois, de voir là un manque de logique : les auteurs ne nient point la possibilité de la transformation d’un blanc en noir ou vice versa ; ils ne font que contester la réalisation et la vraisemblance de cette transformation. La solution du problème, fort heureusement, n’est pas des plus urgentes, et il est permis pour un certain temps encore de différer son choix entre le monogénisme ou le polygénisme. La première de ces deux doctrines nous semble toutefois avoir le dessus pour le moment.

La deuxième partie du livre de MM. Hovelacque et Hervé a pour objet l’anthropologie ethnique, c’est-à-dire l’étude des caractères anatomiques et physiologiques des races humaines. La troisième partie consiste en un résumé très succinct de l’anthropologie préhistorique d’après les doctrines de M. de Mortillet (biblioth. des sciences contemporaines).

La quatrième partie est consacrée à l’ethnographie. C’est une description sommaire de chacun des vingt-cinq principaux groupes humains. Cette partie forme les deux cinquièmes environ de l’ouvrage. Son utilité n’est pas moins grande que celle de la première partie, car le lecteur y trouvera, sur chaque race, des renseignements peu détaillés, il est vrai, mais qu’il sera bien aise de voir rassemblés et coordonnés de façon à