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ANALYSES.hovelacque et hervé. Anthropologie.

qui établissent une ligne de démarcation bien tranchée entre l’homme et l’animal, qui possèdent même une haute valeur au point de vue ethnologique, mais qui ne sauraient fournir contre le monogénisme aucun argument valable. Les caractères linguistiques ont perdu beaucoup de leur ancienne importance en ethnogénie ainsi que les autres caractères de même ordre qui se transmettent avec la plus grande facilité.

Dans le treizième et dernier chapitre de cet important et très instructif ouvrage, l’auteur traite des caractères moraux et religieux sur lesquels il base, on l’a vu déjà, la distinction du règne humain. Il s’efforce d’établir l’universalité absolue de l’existence de ces caractères dans l’humanité, chez les peuples les plus sauvages tant préhistoriques qu’actuels, et il insiste, non sans raison, sur la nécessité de se dégager en quelque sorte de notre milieu intellectuel européen, surtout lorsqu’il s’agit d’apprécier les phénomènes religieux qui s’offrent à nous sous les apparences les plus variées et souvent les plus trompeuses.

L. M.

A. Hovelacque et G. Hervé. Précis d’anthropologie. (Bibliothèque anthropologique. A. Delahaye et Lecrosnier., Paris, 1887.)

L’analyse de ce quatrième volume de la « bibliothèque anthropologique » ne saurait être mieux placée qu’à la suite de celle du livre de M. de Quatrefages. Il semble être destiné pour une bonne part, en effet, à répandre dans le public des doctrines absolument opposées à celles que soutient depuis longtemps le savant professeur du Muséum. On y voit l’espèce humaine placée en tête de l’ordre des primates au lieu de former un règne humain, le transformisme invoqué pour expliquer l’origine de l’homme, le polygénisme opposé au monogénisme. Ce ne sont pas là certes des nouveautés pour les lecteurs de cette Revue, qui sont évidemment au courant des questions les plus générales de l’anthropologie. Beaucoup d’entre eux, cependant, ne seront peut-être pas fâchés de trouver condensées en un livre d’une grosseur modérée, écrit en bon français, c’est-à-dire correctement et clairement, des matières traitées dans un grand nombre de travaux spéciaux ou exposés dans des ouvrages d’ensemble moins complets sur certains points.

Le livre de MM. Hovelacque et Hervé n’a pas la prétention d’être un traité complet d’anthropologie, prétention que ne saurait avoir, du reste, aucun des livres publiés jusqu’à présent sous des titres analogues. Mais il embrasse une grande partie de l’histoire naturelle de l’homme et a été conçu de façon à pouvoir suppléer à l’insuffisance des traités antérieurs.

Il est divisé en quatre parties.

La première est consacrée à l’anthropologie zoologique, c’est-à-dire à l’étude comparative de l’espèce humaine et des groupes zoologiques voisins. On sait que c’était l’objet du cours professé par Broca à l’École d’anthropologie, avec la grande autorité que donnaient à l’illustre savant