Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 24.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
revue philosophique

S’il varie suivant la taille et suivant le sexe, le volume de l’encéphale varie encore suivant l’âge ; de 330 grammes à la naissance, il est de 1000 à deux ans, et de 1300 à onze. À vingt ans on a le poids maximum. Il varie peu dans les moyennes jusqu’à (quarante ans, puis il diminue graduellement surtout à partir de soixante ans. Les facultés psychiques ne suivent-elles pas la même marche et cette connaissance de l’évolution cérébrale pourrait-elle être indifférente à leur étude ? Les idiots, les microcéphales, les aliénés et les criminels fournissent encore de très intéressantes pages qu’il est bon de lire en entier. La partie consacrée aux individus distingués avec les tableaux des poids de l’encéphale et de la capacité crânienne a trop d’intérêt pour que nous nous bornions à la signaler.

Alors que la moyenne du poids cérébral reste invariablement entre 1357 et 1360 grammes dans quatre séries de Parisiens pris au hasard, on voit cette moyenne s’élever de plus de 100 grammes dans deux séries d’hommes plus ou moins remarquables, en négligeant même les poids exceptionnellement élevés des cerveaux de Cuvier, de Cromwell, de Byron, de Tourguenieff, etc. Les rares poids encéphaliques inférieurs à la moyenne ordinaire ne contredisent en rien la loi générale, ainsi que le montre l’auteur.

Après l’étude du poids absolu vient celle du poids relatif ; c’est par là que l’auteur termine son mémoire. Dans ce dernier chapitre, cette intéressante question de l’interprétation des rapports de l’intelligence avec le poids de l’organe qui en est le siège devient plus complète, plus précise et, par suite, plus claire. Nous y voyons que, ni par son poids absolu, ni par son poids relatif, l’homme n’occupe dans la série zoologique la place que lui assigne son immense prépondérance intellectuelle. « Par son poids cérébral absolu, il se trouve placé au-dessous de plusieurs grands mammifères ; par le poids cérébral relatif, plusieurs animaux de très petite taille l’emportent sur lui.

Tournée ingénieusement par Parchappe sans être résolue, la question fut l’objet d’un long débat entre Broca et Gratiolet. À Broca, qui s’appuyait sur des faits démontrant l’existence d’une relation entre le poids da cerveau et l’intelligence, Gratiolet opposait, entre autres objections, le fait embarrassant cité ci-dessus, qui reçut depuis un commencement d’explication de la part de Brandt et de la part de Herbert Spencer au commencement de ses Principes de psychologie.

Avant de résoudre comme les autres cette dernière difficulté, qui a toujours arrêté les auteurs convaincus de l’importance du développement quantitatif du cerveau au point de vue physio-psychologique, M. Manouvrier la met encore plus en relief en montrant l’étroite dépendance du poids relatif de l’encéphale vis-à-vis de l’âge, de la taille, du type zoologique. Puis il explique les variations du poids relatif de l’encéphale comme il a expliqué celles du poids absolu, de façon à ce qu’il ne puisse plus être permis, désormais, de s’appuyer sur elles pour