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ensemble et conduite jusqu’en 1887 ; nous pouvons ainsi mieux apprécier la sûreté de jugement avec laquelle M. Azam a su décrire et interpréter ce cas extraordinaire, dans une enquête qui n’a pas duré moins de vingt-neuf ans l’observation proprement dite sont rattachées toutes les réflexions, toutes les discussions qu’elle était de nature à provoquer sur le fonctionnement de la mémoire, sur la localisation de cette faculté dans le cerveau, etc., etc. M. Azam a également reproduit l’observation de R. L., due au Dr Dufay, observation qui se rapproche plus qu’aucune autre de celle de Félida. D’autres observations analogues ont été publiées depuis les articles de M. Azam, particulièrement celle, due au Dr Camuset, d’un jeune garçon qui oublia une année entière de son existence (Annales médico-psychologiques, janv. 1882 ; — Ribot, Maladies de la personnalité, p. 82 et suiv.) ; M. Azam est fort excusable de ne pas les avoir mentionnées : il n’entrait pas dans son dessein de faire la monographie complète de l’amnésie périodique des somnambules.

3o Un appendice contient une autre observation d’amnésie périodique, très différente de celle de Félida. Il s’agit d’un jeune garçon chez qui des attaques de chorée ont amené à plusieurs reprises et pour un temps assez long une perte presque totale des connaissances préalablement acquises. Cette observation est jusqu’à présent unique en son genre (voir Ribot, Maladies de la mémoire, p. 78) ; l’amnésie est bien périodique, puisqu’elle revient à chaque nouvelle crise de chorée ; mais elle coincide avec l’état morbide au lieu de lui succéder, comme il arrive chez Félida et dans tous les autres cas de somnambulisme à base hystérique. Il en résulte un affaiblissement passager et périodique, mais non pas un dédoublement, de l’individualité, ou, comme on dit vulgairement, de la personnalité.

4o Enfin, un article de 1883 contient des considérations générales sur « les altérations de la personnalité » dues à des troubles intellectuels, à des névroses ou à d’autres états morbides, question qui a été reprise en 1885 avec plus d’étendue par M. Ribot dans son ouvrage intitulé : Les maladies de la personnalité.

L’observation de Félida X. est, comme on pouvait s’y attendre, la partie la plus originale et la plus attrayante du livre de M. Azam. Elle a été, depuis sa première publication dans la Revue scientifique, bien souvent commentée, notamment par M. Maury (Le sommeit et les rêves, 4e édition, 1878, chap.  IX) et par M. Ribot (Maladies de la mémoire, 1881, p. 79 et suiv. ; Maladies de la personnalité, 1885, p. 81 et suiv., 125, 138, 147). J’ai moi-même, en juin 1877, publié dans la Gazette hebdomadaire de médecine deux articles sur ce sujet. Aussi me bornerai-je aujourd’hui à quelques observations sur des points particuliers.

1o M. Azam a cité sous mon nom (p. 180 et suiv.) une hypothèse psycho-physiologique que je lui avais soumise autrefois et qui paraît convenir au cas de Félida comme d’ailleurs à tous les cas d’amnésie consécutive au somnambulisme. Je profite aujourd’hui de l’occasion qui