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de très peu le nombre des substances primordiales, l’antique théorie des quatre éléments devait subsister en réalité jusqu’à la création de la chimie moderne. L’empirisme grossier l’avait suscitée, l’expérience scientifique la dissipa sans retour pour lui substituer un pluralisme indéfini, en face duquel l’idée monistique peut se relever avec avantage. Si voisine d’ailleurs que soit de nous l’époque où dominait encore le quaternaire d’Empédocle, la conception en est désormais tellement éloignée de nos habitudes d’esprit que nous avons peine à concevoir comment son règne a pu être si prolongé et si généralement reconnu ; et ce n’est pas là un des moindres problèmes qu’ait à résoudre l’histoire des sciences de la nature.

Paul Tannery.