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LA SCIENCE POSITIVE DE LA MORALE EN ALLEMAGNE


(Fin[1]).

IVM. Post. Conclusion.

Malgré des divergences de détail que nous avons signalées, il y a entre toutes ces doctrines des traits communs qu’il importe de fixer.

Jusqu’ici toutes les écoles de morale ont pratiqué la même méthode : la déduction. Toute la différence qu’il y a entre la morale intuitive et la morale dite inductive, c’est que la première prend pour principe une vérité a priori, la seconde un fait d’expérience. Mais pour l’une comme pour l’autre la science consiste à tirer de ces prémisses une fois posées les conséquences qu’elles impliquent. On part là de la notion de l’utile, ici du concept de bien ou de celui du devoir ; mais on reconnaît d’un côté comme de l’autre que toute la morale est enveloppée dans une idée simple et qu’il suffit de l’en dégager. « L’école de morale intuitive, dit Mill, non moins que celle qu’on pourrait nommer l’école inductive, insiste sur la nécessité des lois générales. Les deux écoles diffèrent d’opinion quant à l’évidence des lois morales et à la source d’où elles tirent leur autorité. » (Utilit. ch.  I.) Quant à M. Spencer, loin de rejeter la méthode déductive, il reproche à l’utilitarisme de ne pas s’en être assez servi. « À mon avis, dit-il dans une lettre célèbre, l’objet de la science morale doit être de déduire des lois de la vie et des conditions de l’existence quelles sortes d’action tendent nécessairement à produire le bonheur, quelles autres à produire le malheur. »

L’accord des deux écoles est plus complet encore. Quoique les principes qui servent de point de départ à leurs déductions ne soient pas les mêmes, c’est au moyen d’une même méthode qu’ils sont obtenus. D’une part on ne peut croire les rationalistes sur parole et

  1. Voir le numéro précédent de la Revue.