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petit appareil est complété par un lacet qui le transforme en une ceinture : l’anesthésie est supprimée. (Un acier semblable non aimanté ne produit aucun effet.) À partir de ce moment, B… se déclare guéri et il devient, en effet, rebelle à toute expérience. Il échappe à l’hypnotisme, à la suggestion, etc…, et, voulant reproduire quelques-unes de nos expériences, nous sommes obligé de lui enlever de force son talisman. Dépouillé de l’aimant, il redevient sujet. En somme, traité antérieurement par le bromure, les révulsifs et les douches, il n’avait pas été amélioré ; traité par la suggestion et l’aimant, il s’est dépouillé de son hémianesthésie si incommode et il n’a plus présenté qu’une seule attaque pendant les cinq dernières semaines de l’observation.

De sombre et taciturne qu’il était au début, il est devenu enjoué, bruyant, content de tout et plus intelligent ; mais il conserve sa zone hystérogène.

Expériences

Action des métaux. À l’état de veille et dans les premiers essais, l’action des divers métaux a été nulle, tant à droite qu’à gauche. Une fois, lui ayant suggéré, pendant le sommeil somnambulique, que l’or le brûlerait, nous lui avons, après réveil, appliqué, à son insu, une série d’objets et de divers métaux : fer, nickel, étain, aluminium, argent, or….. ce dernier lui a fait accuser une vive cuisson ; il a, du reste, été incapable de nommer la substance qui le brûlait ainsi. Le cuivre, appliqué ensuite, lui paraît très froid.

Action des médicaments à distance. — Encouragé par les résultats si remarquables de nos collègues de Rochefort MM. Bourru et Burot, résultats dont nous avons été témoin nous-même, nous avons essayé l’action des diverses substances médicamenteuses, soit par le contact de la peau, soit à distance :

Après bien des essais infructueux, nous avons fait intervenir la suggestion de la façon suivante.

B… est mis en somnambulisme, et là, nous lui imposons cette suggestion : « Je te place un médicament dans le dos ; quand tu seras réveillé, tu en sentiras les effets comme si tu l’avais avalé. »

Nous nous sommes efforcé d’employer une formule banale, toujours la même, qui n’indiquait rien et s’appliquait à tous médicaments, quelle que fût leur forme, qui pouvaient être ingérés par la bouche.

Le 23 avril, cette expérience combinée est faite pour la première fois ; l’émétique, enfermé dans du papier, est placé contre la peau, à la partie postérieure du cou ; le sujet est pris progressivement de salivation, nausées, éructations, sueurs froides aux tempes, il fait des efforts pour vomir.

Un flacon de chloroforme, bien bouché à l’émeri, est approché du dos du malade picotements dans le nez et à la gorge, odeur forte, dit-il ; il crache, éprouve quelque gêne respiratoire et s’endort presque aussitôt sans avoir présenté de période d’excitation. Il est insensible et en