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appelle d’ordinaire le sentiment de l’effort) ; que nous avons des « idées motrices » ; que le mouvement et la sensation sont la matière dont notre vie mentale est faite. Pour lui, les zones excitables (région rolandique et marginale) ne sont pas des centres moteurs au sens propre, mais très probablement les points terminaux des impressions kinesthétiques dérivées des muscles : l’excitation de tel ou tel point de cette région est le précurseur immédiat de telle ou telle espèce de mouvement volontaire. Ce sont donc simplement des centres excito-moteurs des centres moteurs véritables qui sont les corps striés et les centres spinaux.

Suit une longue discussion à laquelle prennent part les membres suivants de la Société qui sont pour la plupart en désaccord, au moins partiel, avec Bastian :

D. Ferrier combat la thèse précédente. Il ne peut admettre que les impressions du sens musculaire soient « non senties ». Il maintient, en ce qui concerne la localisation corticale, que le centre du sens musculaire et de toutes les formes de sensibilité tactile et commune est le lobule falciforme. Il cite des faits cliniques à l’appui de sa thèse.

J. Sully veut que le sens musculaire soit à la fois afférent et efférent (thèse analogue à celle de Wundt), sans quoi il ne s’expliquerait pas les illusions des amputés.

Dr Ross répond d’abord à J. Sully et fait remarquer que la question est d’interprétation, non de fait. Il pense qu’il est tout à fait vraisemblable que les centres moteurs et kinesthétiques coïncident : ces derniers étant situés dans les deux couches extérieures et les premiers dans la troisième couche des cellules corticales de la région pariéto-frontale.

Crichton Browne trouve que si l’hypothèse de Bain et de Wundt sur le sens de l’effort doit être abandonnée, il voudrait savoir comment la nouvelle théorie explique le sentiment de la fatigue : c’est pour lui, en grande partie du moins, un état d’épuisement des centres nerveux et le besoin d’agir vient d’un état de surcharge de ces centres.

Horsley est fort disposé à admettre la thèse de Ross, c’est-à-dire que les petites cellules corticales sont en relation avec la conscience, non les grandes (de la troisième couche) ; mais c’est là un problème anatomique qui n’est pas vidé et jusque-là c’est une question ouverte que de savoir si les petites cellules sont kinesthétiques ou non.

Haycraft insiste surtout sur des questions histologiques : le système nerveux doit être considéré comme un immense système de communication interposé entre les surfaces sensitives et le tissu musculaire, en sorte que les termes centres sensitifs et moteurs ne doivent être considérés que comme conjecturaux.

Mercier combat presque toutes les assertions de Ch. Bastian. Si les centres moteurs sont en réalité sensitifs, c’est d’eux cependant que