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l’appuyons à un mur, nous localisons au bout de la canne. — Il reste à étudier l’espace visuel. L’auteur se flatte de pouvoir tout expliquer par les pures opérations ordinaires de l’esprit (discrimination, association, addition, etc.) appliquées au quale d’espace qui d’après lui se trouve dans toutes les sensations primitives.

A. Bain. Les controverses sur l’Associationisme. Cet article consiste en une série de questions sur ce sujet dont voici les principales. Les lois de l’association épuisent-elles tous les pouvoirs de l’intelligence ? Non, il y a d’abord son attribut primordial, le discernement (discrimination) qui est le germe de la vie mentale. Le contraste est-il une loi distincte d’association ? C’est un cas comparativement rare d’association. Peut-on réduire l’une à l’autre la contiguïté et la ressemblance ? L’auteur discute, sans les admettre complètement, les tentatives faites à ce sujet. Rapport de l’association avec les grands problèmes de la philosophie temps, espace, cause, etc. — Quels sont les accompagnements nécessaires de l’association et de son travail ? La volonté et les sentiments. — Examen détaillé de la théorie de Wundt sur ce sujet. Celui-ci distingue deux espèces de lois d’association : 1o inférieures, qui ne diffèrent pas de la théorie anglaise ; 2o supérieures, qu’il rapporte à ce qu’il appelle l’aperception, qui est une autre manière de désigner l’âme ou la volonté. Bain, tout en reconnaissant l’importance du facteur « volonté », ne trouve pas acceptable la position transcendante prise par Wundt.

E. Gurney. Les problèmes ultérieurs de l’hypnotisme. Dans ce premier article, l’auteur s’occupe surtout de la « télépathie » et de la suggestion mentale à distance.

Davidson. Logique de la classification.

Winterton. La philosophie chez les Jésuites, depuis la constitution de l’ordre (1540) jusqu’à sa dissolution (1773). Pour les Jésuites, la philosophie n’est qu’un moyen dont le but est le salut. Les Exercitia spiritualia d’Ignace de Loyola contiennent à peine quelques lignes de spéculation pure. Ce fondateur, tout en admettant comme base de l’enseignement la philosophie thomiste, déclare cependant que si, dans la suite des temps, il s’en produit une meilleure, il y aurait lieu de l’adopter : déclaration très hardie pour l’époque. L’auteur cite plusieurs règlements très curieux relativement aux professeurs qui seraient trop indépendants ou trop portés aux nouveautés. Au fond, les Jésuites n’ont jamais eu une philosophie qui leur fût propre, pas même le molinisme : ils ne se sont enchaînés ni comme les Dominicains au thomisme, ni comme les Franciscains au scotisme. Ils ont conservé de bonnes relations avec Descartes et peut-être celui-ci se flattait-il de devenir leur philosophe. L’auteur croit que c’est l’apparition de Spinoza et de Bayle qui a fait décidément condamner le cartésianisme. Au xviiie siècle, la philosophie des Jésuites était tombée dans un singulier état de confusion et de pauvreté.