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veuses. Ce quale d’espace qui est inséparable de toute sensation ne donne pas l’ordre des parties de l’espace ; en d’autres termes, l’espace primitif est antérieur à l’ordre des parties : il peut y avoir un espace sans ordre, tout comme un ordre sans espace (la gamme). Chez différents animaux et même chez nous, plusieurs sensations peuvent coexister sans ordre dans l’espace. Il faut donc que ces éléments apparaissent comme parties dans une vaste sensation d’espace qui entre d’un bloc dans l’esprit. Ordonner nos sensations dans l’espace est d’abord un problème de discrimination, car il faut que chaque sensation soit distinguée comme partie d’un espace plus large qui l’enveloppe. — Ordre dans l’espace est un terme abstrait dont les concrets sont : figure, direction, position, grandeur, distance. L’auteur éclaircit le terme « rapport ». Pour lui les rapports sont des faits du même ordre que les faits auquels ils se rapportent. Les rapports d’espace sont de l’espace : un rapport de position entre deux points, c’est la ligne (idéale ou réelle) qui les joint ; de même pour les angles. — Pour la constitution de la notion d’espace, il est nécessaire que la conscience soit subdivisée sous le rapport de la localisation, de la grandeur et de la forme. La localisation n’est pas possible, tant qu’il n’y a qu’un seul point. Chaque sensation de la peau et même des viscères semble dériver une marque particulière de son siège topographique (signe local) ; mais l’auteur n’admet pas, avec Lotze, qu’il n’est qu’un simple caractère intensif. Le rapport de position entre deux points, c’est la ligne suggérée. Pour la vue, nous tirons incessamment des lignes entre la fovea et le point de la rétine où tombe l’excitation lumineuse. L’auteur discute la question de savoir pourquoi le point de la sensation est localisé au bout de cette ligne idéale, non en une autre partie. — En ce qui concerne le discernement des diverses parties de l’espace, les mouvements des impressions sur les surfaces sensibles sont l’agent principal. Pour comparer et mesurer ces parties, nous prenons toujours, comme étalon, l’impression d’espace qui est la plus intéressante,’pratiquement ou esthétiquement. Comment les divers sens de l’espace sont-ils réunis en un tout continu ? À l’origine, chez l’homme du moins, ils sont incohérents ; ainsi l’enfant ne peut pas même localiser une douleur. D’après l’auteur, si deux ou plusieurs espaces sensibles se reproduisent toujours ensemble ou varient en même temps, nous les considérons comme deux modes d’un même espace réel. L’auteur examine ensuite le rôle que jouent les sensations de mouvements des articulations qu’il oppose aux sensations musculaires. Selon lui les premières sont prépondérantes. Sous le nom d’extradition, il étudie le fait de la projection de nos sensations à la périphérie de notre corps ou hors de lui. Cette localisation implique que la masse de tissu située entre le cerveau et le point où on localise soit un objet continu de perception. Mais dans les cas où, entre le cerveau et le point de projection, il n’y a pas de nerfs (espaces en dehors des limites du corps ?), on forme un nouvel objet entre le tissu sensitif et la surface qui le dépasse. Exemple d’une canne que nous tenons à la main ; si nous