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ANALYSES.hoffding. Esquisse d’une psychologie, etc.

la volonté ». C’est la division que nous avons rencontrée chez M. Dewey.

La psychologie de la connaissance est exposée sous les titres suivants : 1o sensation ; 2o représentation, c’est-à-dire perception, mémoire, images, association et idées générales. Notons une exposition intéressante des lois de l’association des idées et une théorie de la formation des idées individuelles et générales qui contient beaucoup de détails originaux (pp. 205-215). L’auteur a traité avec une grande précision analytique et en s’appuyant, quand il pouvait le faire, sur des documents positifs, une question qui reste trop souvent enveloppée de confusion : 3o l’intuition du temps et de l’espace (théories génétique et nativiste), 4o l’intuition de la réalité.

La psychologie du sentiment examine ses rapports avec la sensation et la représentation (prise sous les diverses formes ci-dessus indiquées). L’étude descriptive est faite sous ces deux titres : sentiments égoïstes, sentiments sympathiques. Suit une « physiologie et biologie du sentiment » et un chapitre tout entier consacré à la loi de relativité (Gesetz der Beziehung) appliquée au sentiment. C’est, en fait, une étude des diverses manifestations du sentiment esthétique.

La psychologie de la volonté examine d’abord ses conditions originelles (spontanéité et irritabilité, etc.), puis la volonté proprement dite. Enfin l’ouvrage se termine par un chapitre sur les divers types du caractère individuel.

M. Höffding traite la question de la liberté avec sa netteté accoutumée. « La psychologie doit, comme toute autre science, être déterministe, c’est-à-dire partir de cette hypothèse que la loi de causalité est valable pour la vie de la volonté, comme pour le reste de la vie consciente et pour la nature matérielle en général » (p. 439). Mais beaucoup d’obscurités découlent de la mauvaise compréhension du mot motif : on le compare à un poids, à une force déterminante, etc. ; au lieu de voir que « c’est nous-même sous une forme déterminée ou d’un côté déterminé. » — « La liberté est le but vers lequel tend le développement spirituel, en ce sens elle est l’antithèse non de la nécessité, mais du hasard » (p. 442).

L’érudition de l’auteur est considérable, mais elle ne dégénère jamais en dissertations historiques à côté de la question : elle fait partie de la substance même de l’ouvrage, le nourrit et le rend d’autant plus vivant qu’elle est presque toujours puisée aux sources modernes.

Th. Ribot.