Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 24.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
revue philosophique

trad. d’après la 2e édition danoise par J. Bendixen, in-8o, Leipzig. Fues (Reisland), VI-463 pages.

Ce livre vise plus haut que le précédent et ne peut être raisonnablement considéré comme un traité à l’usage des classes. Il est regrettable que la traduction n’ait pas été faite en anglais ou en français, ce qui l’aurait rendu accessible à un plus grand nombre de lecteurs, pour leur grand profit. La pensée de l’auteur, toujours très claire, se serait laissé facilement transporter dans l’une ou l’autre de ces deux langues. En tout cas, nous recommandons très vivement ce livre à ceux qui peuvent le lire en allemand. {{M.|Höffding}, professeur à l’université de Copenhague, est un esprit net, décidé, sans ambages. Lorsqu’on n’est pas de son avis (et, en ce qui nous concerne, ce cas est bien rare), on sait toujours du moins ce qu’il pense et soutient sur chaque question de la psychologie.

La formule auf Grundlage der Erfahrung n’est pas, comme chez divers auteurs, pour la montre. Il est vrai qu’il y en a qui entendent l’expérience d’une façon très singulière. « Nous considérons, dit-il (ch. 1), la psychologie comme la science de ce qui pense, sent et veut, en opposition avec la physique qui est la science de ce qui se meut dans l’espace et le remplit. La psychologie n’est pas plus obligée de commencer par éclaircir ce que c’est que l’âme, que la physique n’est tenue de commencer par éclaircir ce que c’est que la matière. Ainsi conçue, elle ne présuppose pas qu’il existe, ou non, une âme indépendante, distincte de la matière. Tout notre effort tend à établir la psychologie comme science purement expérimentale, à distinguer nettement les faits des hypothèses et à n’employer celles-ci que pour donner de l’ordre aux faits et les rendre intelligibles. » — « Si nous maintenons le caractère empirique de la psychologie, en opposition avec la spéculation métaphysique, par là même nous excluons de la psychologie le matérialisme aussi bien que le spiritualisme… La psychologie, en elle-même et pour elle-même, n’est pas une partie de la philosophie, si on entend par philosophie la métaphysique, c’est-à-dire un effort vers la conception générale du monde. Si l’on entend par philosophie une théorie critique de la nature et des limites de la connaissance, la psychologie n’est pas davantage une partie de la philosophie ; car la psychologie étudie les phénomènes spirituels dans leur développement, tandis que la théorie de la connaissance soumet à une analyse critique les principes généraux de la connaissance » (p. 18 19).

Après avoir indiqué par ces courtes citations la position prise par l’auteur, exposons le plan général de l’ouvrage.

Une première partie est consacrée à l’objet et à la méthode de la psychologie ; à l’âme et au corps (il faut entendre par ce titre l’étude des conditions physiologiques de l’activité mentale) ; au conscient et à l’inconscient, enfin à la division des éléments psychiques.

Le corps même de l’ouvrage comprend une « psychologie de la connaissance », une « psychologie du sentiment », et une « psychologie de