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H. NEIGLICK.loi de weber et contraste lumineux

Nos expériences précédentes nous auraient ainsi fait découvrir une loi de contraste selon laquelle, dans certains cas spéciaux, à une série de contrastes égaux correspond une série géométrique d’intensités lumineuses. Appelons l’intensité lumineuse qui se trouve en contraste égal avec deux autres et ; et celles qui sont avec et , et dans les mêmes rapports que l’est avec et , nous pouvons donner à ladite loi l’expression suivante les contrastes sont égaux, parce que

Il est évident que, pour vérifier notre hypothèse, une mesure exacte du contraste lumineux fut nécessaire. Dans ces nouvelles expériences, nous nous servîmes de la méthode imaginée par M. Lehmann et que nous avons déjà décrite dans notre article précédent. Les limites restreintes de cet article ne nous permettant ni de refaire ici la description de la méthode de M. Lehmann, ni de nous arrêter aux détails de nos nouvelles expériences, nous nous contenterons de dire que les résultats de ces expériences ont donné raison en tous points à l’hypothèse développée tout à l’heure. Ainsi, après avoir choisi douze différences reconnues favorables, nous avons pu constater que les actions de contraste qu’exerçaient dans ces cas mutuellement et , et l’un sur l’autre, étaient chaque fois très égales. Par contre, ayant choisi d’autres cas où la graduation moyenne n’avait pas coïncidé avec la moyenne proportionnelle de et , nous avons trouvé qu’en effet l’intensité qui exerçait des actions de contraste à peu près également fortes sur et , était, non pas leur moyenne proportionnelle, mais justement la graduation moyenne trouvée expérimentalement.

Nous paraissons donc autorisés à dire que non seulement le contraste a été un facteur entrant en action dès le début de nos recherches et ne cessant jamais d’agir, mais qu’en dernier lieu c’est bien au contraste que nous devons chacun de nos résultats. Les cas où, avec une périodicité presque régulière, la loi de Weber devient valable, sont, analyse faite, des cas spéciaux de contraste ; les autres cas, plus nombreux, où il y a déviation plus ou moins grande de la loi, se laissent aussi résoudre en simples effets de contraste.

Y a-t-il plus ? ou serait-on autorisé à conclure maintenant que le contraste seul explique tout, qu’à littéralement parler contraste et loi psychophysique ne font qu’un pour les sensations lumineuses ? Nous ne le croyons pas, et voici pourquoi. Si les rapports entre l’excitation et la sensation que nous venons de constater, n’appartenaient qu’à un seul ordre de phénomènes, n’étaient que les effets d’une seule cause, il s’ensuivrait évidemment la nécessité d’expliquer tout par cette cause, le contraste. Or, il y a ici quelque chose qui ne semble avoir rien à faire avec le contraste. En cherchant la sensation moyenne de deux autres, nous l’avons trouvée, quelquefois à un degré d’intensité correspondant à leur moyenne proportionnelle, d’autres fois un peu au-dessus ou un peu au-dessous de cette intensité ; mais nous ne l’avons jamais