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pas être en fonction directe de l’intensité des excitations. Les conditions sous lesquelles la loi devient valable sont plutôt les mêmes aux divers degrés de l’échelle lumineuse.

2o Ces conditions se présentent d’une façon périodique. Il y a certaines différences « favorables » entre les disques d, h où leur graduation moyenne coïncide exactement avec leur moyenne proportionnelle ; toute autre combinaison des disques constitue une différence « défavorable », c’est-à-dire la loi de Weber ne s’y applique pas.

3o Si l’on examine les intensités de d, h constituant des différences favorables, on voit qu’elles s’approchent beaucoup des termes d’une série géométrique.

4o Afin de savoir si la loi des différences favorables s’applique aussi à des degrés de clarté très faibles, nous avons choisi, tout en bas de notre échelle, quelques différences reconnues favorables ; cachant successivement nos yeux par des verres de plus en plus obscurcissants, nous avons répété l’expérience. Le résultat a été chaque fois le même que celui que nous avions obtenu auparavant sans verres. Il semble donc probable qu’en procédant par la méthode des graduations moyennes, les conditions sous lesquelles la loi de Weber devient valable, peuvent se présenter très au-dessous de la zone des excitations modérées représentées par nos disques.

Reste à savoir quelles sont ces conditions et comment expliquer la différence si considérable entre nos résultats et ceux qu’ont obtenus à peu près tous les observateurs procédant par la méthode des plus petites différences perceptibles. En d’autres termes, quelles peuvent être les causes de cette application périodique de la loi de Weber que nous venons de constater ?

Diverses raisons nous ont porté à croire qu’ici nous avions affaire à un phénomène de contraste et que, malgré les précautions prises au début de nos recherches, les trois disques s’étaient modifiés mutuellement selon une loi de contraste quelconque. En effet, les choses perdent beaucoup de leur aspect énigmatique, si on les envisage de ce nouveau point de vue. Si nous supposons que la graduation moyenne de d, h correspond toujours à la nuance grise qui se trouve en contraste égal avec d et h, les « différences favorables » se réduisent aussitôt à des cas spéciaux où ce point d’équilibre des deux contrastes dv, vh est représenté par une intensité formant la moyenne proportionnelle de d, h. Cette hypothèse nous fournirait en même temps une explication facile des séries géométriques dont nous avons parlé tout à l’heure. Car s’il existe une fois des cas spéciaux de contraste tels que la moyenne proportionnelle de deux intensités lumineuses se trouve en contraste égal avec l’une et l’autre, il n’y aurait rien d’étonnant à ce que le même phénomène se répétât dans les deux parties de cette série géométrique et qu’ainsi les deux contrastes dv, vh fussent divisés à leur tour en parties égales par leurs moyennes proportionnelles v′ et v′′.