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En 1725, Bilfinger donna ses Dilucidationes, dans lesquelles il exposa, à propos des monades, une théorie différente : non seulement il n’accordait pas la puissance de représentation, au sens large du mot, à toutes les monades, mais il la leur déniait même au sens strict et ordinaire ; il décomposait le concept de monade et partageait les monades en deux classes : celles qui ont des représentations (vorstellende) et celles qui n’en ont pas ; celles qui ont le pouvoir moteur et celles qui, ne l’ayant pas, constituent les éléments des corps. Il s’exprimait comme Wolf, selon lequel les monades sont quelque chose d’indéterminable (unbestimmbares) ; il défendait Leibnitz contre ceux qui l’accusaient d’avoir enseigné un idéalisme dangereux et l’expliquait d’une façon réaliste ; enfin il avait lui-même complètement abandonné l’idéalisme de Leibnitz. Wahl arrive aux résultats suivants, en ce qui concerne l’harmonie préétablie : Bilfinger s’est rattaché plus étroitement à Leibnitz qu’à Wolf ; il a saisi avec pénétration les pensées de Leibnitz et les a énergiquement défendues. Il peut être placé, si l’on ne considère que le contenu de sa doctrine, entre Leibnitz et Wolf. Enfin Wahl expose, dans un assez long appendice, quelle fut la position prise par l’université de Tübinge à l’égard de la nouvelle philosophie et de Bilfinger qui en était le représentant.

H. Gallwitz. La philosophie transcendantale et l’éthique. — Une théorie de la connaissance qui entreprendrait de déterminer la valeur morale de chaque connaissance scientifiquement donnée, de rassembler ainsi en un système tout ce qu’embrasse le savoir, autant que cela est possible avec le progrès constant des sciences, serait la vraie philosophie trancendantale et en même temps la science de l’éthique pure.

G. H. Schneider. La cause psychologique des apparences de contraste, Recherches de psychologie expérimentale. — Sous ce titre, Schneider a donné deux articles dont nous recommandons la lecture et dont nous ne pouvons citer qu’une partie de la conclusion. Tous les phénomènes particuliers de contraste, dit Schneider, ceux qui ne dépendent pas purement de conditions physiologiques, mais qui ont une nature psychologique, trouvent leur explication naturelle dans l’hypothèse que nous ne percevons directement que les différences des manières d’être (Zustände), mais que ces différences, c’est-à-dire les rapports des états nerveux (Beziehungen der Nervenzustände) entre eux, ont une valeur psychologique toujours croissante et variant selon les circonstances. Il ajoute qu’il croit avoir donné par son travail des indications d’une valeur considérable pour les recherches psychologiques.

H. Bender. La substance comme chose en soi. Contribution à une doctrine de la connaissance. — L’auteur examine successivement la chose en soi d’après Kant et ses rapports à la doctrine des catégories, la réalité du monde extérieur et la nécessité de réviser la doctrine des catégories, l’impossibilité de considérer comme une chose en soi, au sens propre du mot, la chose en soi de Kant dont on ne peut cepen-