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central. Il faisait mouvoir le firmament de l’est à l’ouest, tandis que Philolaüs affirma le mouvement circulaire de la terre de l’ouest à l’est autour du feu central. Que savait Pythagore sur les planètes et sur leurs mouvements ? Il les faisait mouvoir de l’ouest à l’est, attribuait au soleil et vraisemblablement à la lune et aux autres astres la forme sphérique ; il expliquait les éclipses de soleil par une marche en avant de la lune ; il considérait la lune comme un corps pierreux dont la lumière est empruntée du soleil, dont les phases changent par conséquent avec sa position par rapport au soleil, dont les éclipses sont dues à l’interposition de la terre.

Théophraste nous laisse tout à fait dans l’embarras sur les autres parties de la doctrine pythagoricienne et spécialement sur l’harmonie des sphères, souvent considérée comme le point central de l’astronomie pythagoricienne. Martin se laisse encore lui-même entraîner par une erreur consacrée. Sans doute il prouve d’une façon décisive que Pythagore ne fait pas mouvoir dix corps célestes autour du centre, puisque cette conception est exclusivement attribuée par Théophaste à Philolaüs ; mais il affirme que Pythagore admettait huit astres comprenant cinq planètes, le soleil, la lune et la sphère des fixes qui se mouvaient en résonnant autour de la terre. Or, longtemps après Pythagore, Anaxagore et Démocrite ne soupçonnaient même pas encore quelle difficulté il y a pour distinguer les planètes des fixes ! Pythagore n’a donc pu fixer à cinq le nombre des planètes.

Xénophane appartient, comme l’a montré Th.-H. Martin, à la classe des grands philosophes qui ont émis en astronomie des opinions puériles ou extravagantes. Parménide ne s’est pas non plus montré supérieur sur le domaine cosmique. Anaxagore et Empédocle fournissent des indications plus riches sans qu’on puisse toujours, avec les textes incomplets qui nous ont été transmis, déterminer le sens exact de leurs théories.

En résumé, tous les systèmes anatomiques, antérieurs à l’époque socratique, s’accordent en ce qu’ils ont tous pour point de départ l’hypothèse d’un monde sphérique dont la terre occupe le centre. Nos sources ne nous permettent pas de montrer clairement l’évolution qui a présidé à leur développement, mais elles nous permettent d’affirmer l’existence de cette évolution. Les recherches, depuis Thalès jusqu’à l’époque socratique, se concentrèrent sur les planètes ; on apprit, par des observations simples et dépourvues d’éclat, à connaître peu à peu le système solaire que les penseurs des siècles suivants s’efforcèrent de pénétrer et d’expliquer ; on développa, on formula le problème dont la solution définitive a assuré l’immortalité au nom de Copernic.

Paul Hohlfeld. Mathématique et Philosophie. — La mathématique et la philosophie s’opposent en ce que la première est déterminée d’après son contenu, la seconde d’après la manière de connaître ; la première est limitée quant à son objet, illimitée quant à sa manière de