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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Zeitschrift für Philosophie und philosophische Kritik.

(Vol. 83, p. 1 et 2 ; vol.  85, p. 1 et 2 ; vol.  86, p. 1 ; vol.  87, p. 1, 2.)

M. Sartorius. Le développement de l’astronomie chez les Grecs jusqu’à Anaxagore et Empédocle (2e article)[1]. Il y a, entre Héraclite et ses prédécesseurs, un contraste marqué. Thalès, Anaximandre et Anaximène avaient cherché à expliquer la nature et surtout la formation de l’univers. Héraclite, au contraire, ne se propose pas d’expliquer en détail la manière dont le monde s’est formé ; il donne sa conception du tout, mais il écarte les recherches particulières par la formule célèbre : πολυμαθιή νόον οὐ διδάσκει. D’ailleurs Héraclite n’a pas tourné ses efforts vers la connaissance de la nature ; ses théories physiques elles-mêmes ont une tendance morale. Il n’y a chez lui ni progrès ni recul des connaissances astronomiques, mais un abandon complet et voulu du domaine exploré par ses prédécesseurs.

Si on lit dans Zeller ce qui concerne Pythagore, on trouvera, dans le système pythagoricien, un progrès merveilleux de l’astronomie ; mais, en même temps, on sera incapable de se rendre compte des origines et du développement de ce système, de sa place dans l’évolution des connaissances astronomiques. Zeller d’ailleurs reconnaît que ce système est l’œuvre de personnes et d’époques différentes. Th.-H. Martin a montré qu’il y a une différence capitale entre la cosmographie des anciens et celle des nouveaux pythagoriciens. Après lui et en s’appuyant sur les compilateurs de Théophraste, on peut reconstruire la conception que se faisaient de l’univers les anciens pythagoriciens. Pythagore s’est servi du mot κόσμος ; il a considéré le monde comme un et comme sphérique ; aux cinq zones admises par Thalès, il a joint la division zodiacale. D’après un texte d’Aétius (III, 13) il semble que les pythagoriciens antérieurs à Philolaüs se représentaient tout à la fois la terre comme immobile et comme occupant le centre du monde. Quant à Pythagore, il avait divisé la terre, comme la sphère du monde, en cinq zones, la zone du milieu ou zone torride, et les zones polaires étant inhabitées, les zones intermédiaires étant tempérées et habitées. Il se représentait la terre comme une sphère dont les zones tempérées étaient habitées dans tout leur pourtour, par conséquent comme un corps

  1. Voir la Revue philosophique, août 1885.