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ANALYSES.lœwenthal. Hygiene des Unterrichts.

et les plus nécessaires, éléments de la morale pratique, de l’histoire, de la géographie, des sciences naturelles. Enfin, dans les deux dernières années de ce premier cycle, de dix à douze ans, conjointement avec la langue maternelle, l’enfant apprend une langue vivante, d’une manière empirique et pratique, à dix heures par semaine, ce qui suffit à le mettre en état de se faire entendre dans les relations usuelles et de faire des progrès rapides dans cette langue s’il peut continuer à l’étudier. — Au degré moyen, on pousse plus loin toutes les mêmes études et on les approfondit ; la seule grande nouveauté est le latin, que l’on commence alors (à douze ans) et que l’on apprend six heures par semaine ; puis à quatorze ans, on aborde une seconde langue vivante, la première étant présumée sue. Au terme de ce second cycle de quatre ans, il est à prévoir que bien des jeunes gens seront réclamés par les nécessités de la vie ou le souci des carrières spéciales. Ceux qui seront de loisir ou qui se destineront aux hautes études universitaires, s’y prépareront par deux années encore d’instruction générale. Ils apprendront le grec (facultativement, 6 heures par semaine), l’histoire littéraire, l’histoire religieuse, la logique, les principes généraux de la linguistique, un peu de calcul supérieur, etc.

Il y aurait infiniment à dire au sujet de ce plan, bien des parties en sont extrêmement contestables ; mais ce n’est pas ici le lieu de le discuter par le menu, quand nous pouvons tout au plus en indiquer les grandes lignes. Ce qui est certain, c’est qu’il y a là une tentative loyale : Supposé que son plan fut appliqué, aurait-il tous les avantages qu’il s’en promet ? Je n’en suis pas aussi sûr que lui. Par exemple, on peut douter que tout danger de surmenage fût écarté par une distribution du temps qui, pour faire les après-midi à peu près libres de tout travail pénible, accumule dans la matinée tous les exercices qui demandent une tension d’esprit. Les quatre heures consécutives de travail intense qu’on aboutit de la sorte à imposer chaque matin à l’enfant, sont une monstruosité pédagogique, et cela d’après les principes mêmes de l’auteur, qui, s’il proteste avec raison contre un excessif morcellement du temps, sait et établit mieux que personne la nécessité des temps de repos. Il ne peut donc y avoir là qu’un oubli ou quelque malentendu. Cela n’empêche pas M. Lœwenthal d’avoir rajeuni à sa manière cette question de l’Uberbürdung, sinon en trouvant le remède définitif, du moins en montrant que les causes ne sont pas dans tel ou tel défaut des programmes, mais dans le passé historique même, dans une suite d’erreurs et un enchaînement de circonstances dont les programmes ne sont que le produit. — En résumé, étude essentiellement consciencieuse et suggestive : des principes fermes, des questions bien posées, une critique vaillante, une façon personnelle et forte de présenter des solutions qui peuvent n’être pas toujours décisives, mais qui sont toujours sincères, bien méditées, bien motivées.

H. M.