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ANALYSES.p. carus. Monism and meliorism.

sont indiquées successivement : les éditions complètes, les traductions, les commentaires, puis les principales éditions et traductions partielles en latin, en français et en allemand ; sous chacune des autres rubriques, les mémoires spéciaux, dissertations historiques, études critiques, thèses, auxquelles ont donné lieu les diverses parties de la doctrine. Le prix d’un tel article ne saurait échapper à quiconque veut étudier Aristote, soit pour prendre une idée complète de sa pensée et de son rôle dans l’histoire, soit pour approfondir une question. — Quand on songe maintenant qu’il n’est peut-être pas un grand philosophe, non seulement de la Grèce et de l’antiquité, mais de tous les pays et de tous les temps, sur lequel notre éminent collaborateur ne soit prêt à donner une étude comme celle-là, on ne peut s’empêcher d’entrevoir avec joie pour notre pays la possibilité d’avoir un jour une histoire générale de la philosophie qui lui manque jusqu’ici et telle qu’il n’en existe pas ailleurs, savante sans lourdeur ni confusion, au courant de toutes les recherches érudites et en présentant par ordre tous les résultats, mais appuyée partout et avant tout sur les textes, élaborée d’une manière personnelle jusque dans l’extrême détail, une par l’esprit, sans rien d’étroit ni de systématique, dépouillée, clarifiée, pensée, écrite.

H. M.

Paul Carus. Monism and meliorism, a philosophical essay on Causality and Ethics. New-York, F.-W. Christern, 1885. 83 p. in-8o.

The principles of art, from the Standpoint of Monism and meliorism (19 p.)

Monisme et méliorisme, c’est en deux mots une doctrine générale que M. Carus nous offre. Le monisme signifie pour lui que le monde a un principe final, et le méliorisme signifie que ce principe est moral. Mais M. Carus ne pose pas ce principe sans avoir fait une critique préalable de la notion de causalité, après Hume et Kant ; il écarte les notions de cause première et de cause finale, qui lui paraissent n’avoir pas un sens précis ou n’avoir pas le sens qu’on leur donne. Il lui suffit de dire qu’il est « quelque fin » dans le monde et un « dernier principe » de l’univers.

En définitive, M. Carus (il sort de l’université de Tübingen) relève de Kant, bien qu’il lui reproche la double doctrine qui l’a fait être un réaliste ou un idéaliste, selon ses disciples, et qu’il refuse de distinguer avec lui le doit du faut, en morale. Il se flatte de réconcilier les systèmes les plus opposés, le spiritualisme avec le matérialisme, l’optimisme avec le pessimisme, et il emprunte à la doctrine même de l’évolution une vue supérieure. La lutte pour l’existence n’est que la lutte pour l’idéal, et le bonheur n’est pas l’objet de l’homme, qui le manque toujours, mais c’est le travail, ce qu’Alfred Weber nomme la volonté pour le bien, Wille zum Guten.

Ainsi, d’une part, le monisme établit un principe unique et universel ;