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ANALYSES.h. faye. Sur l’origine du monde, etc.

autour du centre comme si ces anneaux nébuleux étaient des anneaux solides ; une autre partie, dont les vitesses feraient décrire aux corpuscules des ellipses concentriques trop allongées, tendent à s’englober dans une condensation progressive au centre et communiquent à cette condensation centrale un mouvement de rotation dans le sens du tourbillonnement primitif.

Dans les anneaux circulaires, comme les différentes parties sont animées de vitesses différentes, il se forme, toujours dans le même sens, des tourbillons partiels dont les plus forts finissent par englober les autres ; cette transformation, qui donne naissance à des planètes, commence par les anneaux les plus voisins du centre et finit par les plus éloignés. En même temps, la condensation centrale continue, et l’attraction qu’elle exerce augmente en suivant des lois lentement variables entre la proportion à la simple distance et la proportion à l’inverse du carré.

Tant que la masse centrale reste encore relativement faible, les tourbillons nébuleux, origine des planètes, reproduisent en petit les phénomènes du tourbillon total, tout en continuant à se mouvoir autour du centre lentement, et, à très peu près, circulairement. Mais à mesure que le Soleil grandit et se constitue, la force centrale change d’allures ; les planètes se rapprochent du centre, accélèrent leur mouvement, et leur orbite se modifie jusqu’à ce qu’elle arrive à se conformer à la loi de Képler.

Par suite de la modification de la force centrale, l’ordre des vitesses à partir du centre finit par s’intervertir ; il en résulte que, pour les anneaux extrêmes non encore décomposés (Uranus et Neptune), la rotation et la circulation des satellites se produisent en sens inverse de celui du tourbillonnement primitif.

Quant aux comètes, elles proviennent de matériaux non engagés originairement dans ce tourbillonnement, décrivant en tout sens des ellipses allongées autour du centre, et ayant échappé à la condensation générale ; la modification de la force centrale n’a eu pour effet que de modifier leur orbite en en transportant le foyer au centre primitif de circulation.

À ces conceptions mécaniques, M. Faye a joint celles qu’entraîne la théorie moderne de la thermodynamique, et les conclusions qu’il tire des faits reconnus par les géologues. La condensation, partout où elle s’est effectuée, a produit une quantité de chaleur correspondant à la perte de force vive des corpuscules englobés. Cette chaleur, dont l’énormité effraye l’imagination, s’est lentement dissipée par rayonnement, et, pour les globes les plus anciens, tels que la Terre, un noyau liquide, incandescent et entouré d’une atmosphère chargée de vapeur d’eau, s’est finalement constitué. Le refroidissement continuant toujours, la croûte solide se forme, et le globe jusqu’alors lumineux devient obscur. Les eaux Commencent à se déposer et remanient la croûte solide.

À cette époque, la température superficielle est presque exclusive-