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Cependant, les quelques faits que nous avons pu observer montrent que la théorie des vibrations émise autrefois par Hartley mérite d’être examinée à nouveau, et ils permettent d’introduire la notion de quantité dans l’appréciation des excitations, comme le dynamomètre le fait pour l’appréciation de leurs effets.

À propos de l’action si nettement prédominante du rouge, il est intéressant de remarquer que cette couleur est celle qui paraît avoir le plus d’effet sur les animaux, qu’elle paraît être la première à être reconnue par les jeunes enfants ; et on a quelques raisons de croire qu’elle a été distinguée la première par les hommes. Notons encore que le violet qui nous montre une action relativement dépressive, a été employé avec un certain succès comme le bleu pour calmer l’excitation maniaque.

Enfin, pour terminer, nous ajouterons que, grâce à un dispositif expérimental spécial, nous avons pu établir que pour chaque couleur l’action dynamogène varie avec l’intensité de la lumière ; cependant la lumière blanche paraît avoir peu d’influence relativement ; l’affaiblissement dans l’obscurité est moins marqué qu’on ne pourrait le supposer. Les expériences que nous avons faites sur les sons relativement à la hauteur, à l’intensité et à la distance concordent avec celles qui ont été faites sur les impressions visuelles.

Des expériences faites avec les rayons extra-rouges du spectre, ou sur les rayons rouges passant à travers une solution d’alun, nous ont montré que cette influence des rayons colorés est sans relation avec l’action calorifique.

C. Nous avons étudié les saveurs fondamentales par le même procédé et nous avons vu que l’on peut les classer suivant une gamme dynamique analogue à la gamme des couleurs. C’est ainsi que le sucre a une action dynamogène très faible ; le sel a une action beaucoup plus manifeste ; et les substances amères sont encore plus actives : par exemple sur le sujet qui nous sert de grossissement, nous voyons que le sucre donne 29, le sel 35, le sulfate de quinine 39. Sans se présenter avec des caractères aussi tranchés, l’action du salé et de la mer peut être rendue très manifeste sur des sujets normaux. Les acides ont une action plus énergique encore, mais leur rôle est complexe, la sensibilité générale et l’odorat sont aussi atteints par eux ; or les irritations portant sur la sensibilité générale et sur l’odorat ont une action dynamogénique propre qui s’ajoute à celle de l’excitation du goût ; une solution d’acide acétique, par exemple, agit beaucoup plus activement que les amers.

Si on recherche les effets des solutions titrées de sucre, de sel, etc., on voit que l’action des solutions les plus concentrées est la plus intense ; mais nous ne voulons pas donner une formule mathématique à cette progression. L’état dynamique d’un sujet en expérience varie incessamment sous l’influence des ingesta et des circumfusa ; il est impossible de déterminer rigoureusement la valeur de ces influences ; il faut donc résister à la tentation de faire une loi psycho-mécanique à