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dire que tous ces sujets ont un certain degré de paralysie psychique.

J’ai constaté plusieurs fois que sous l’influence de la fatigue localisée d’un membre, de la main droite, par exemple, par la répétition du même effort de pression du dynamomètre, l’autre main n’a pas perdu son énergie, tout au contraire, elle marque un accroissement notable (1/5°). Cette observation pourrait servir à établir un lien entre les paralysies par épuisement et certaines paralysies par suggestion dans lesquelles, comme nous l’avons signalé, la force dynamométrique peut être exagérée du côté opposé. À l’appui de cette déduction, on peut citer ce fait que, de même que l’affaiblissement de la contraction provoquée par la fatigue générale peut être dissipé par les mouvements passifs, certaines paralysies par suggestion peuvent être guéries par ces mêmes mouvements. Cette remarque est peut-être susceptible de trouver son application dans la thérapeutique des paralysies hystériques, dans la pathogénie desquelles les altérations des fonctions psychiques jouent un si grand rôle.

Ce que nous avons dit précédemment aide à comprendre comment l’influence excito-motrice des mouvements passifs est due précisément à ce qu’ils provoquent un rappel de l’image motrice.

Cette influence des mouvements passifs trouve son application dans le traitement de certaines impotences fonctionnelles. Lorsque dans ces cas on a excité isolément les muscles, soit par le massage, soit par l’électrisation localisée, la fonction de chaque muscle peut se trouver rétablie par un mécanisme analogue à celui que nous venons d’indiquer, c’est-à-dire par le réveil de son centre psycho-moteur ; mais la fonction du membre peut néanmoins n’être pas rétablie en raison de l’absence de synergie, de coordination des mouvements musculaires, qui est quelquefois restaurée très promptement par la pratique des mouvements provoqués qui complètent la rééducation.

L’action centrale des excitations périphériques peut être mise en lumière par d’autres faits expérimentaux chez les hypnotisables, sur lesquels les agents dynamogènes manifestent leur influence d’une manière plus nette. Si sur un de ces sujets, à l’état de veille, on excite mécaniquement un muscle par le massage, on provoque rapidement la tétanisation de ce muscle ; la répétition d’un mouvement passif mettant en jeu le même muscle produit le même effet ; il en est encore de même lorsque ce muscle est mis volontairement en action. L’identité du résultat montre l’identité du processus. Lorsqu’on excite un muscle par un procédé quelconque, on agit sur son centre psycho-moteur auquel on rappelle une image motrice. Si l’excitation est exagérée, la tétanisation s’étend aux muscles synergiques et même à tous les muscles du membre ; et lorsqu’on fait porter une nouvelle excitation sur un muscle antagoniste du premier muscle excité, il se produit souvent une convulsion épileptiforme qui peut entraîner la perte de connaissance et se généraliser à tout le corps. Cette succession de phénomènes ne peut se comprendre que par l’excitation des centres supérieurs qui se pro-