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société de psychologie physiologique

sait que dans la rage c’est dans le bulbe que siègent les lésions et, d’autre part, tous les symptômes de l’intoxication par le hachich (raideurs du cou, respiration saccadée, etc.), indiquent que le poison agit d’abord sur la portion bulbaire et cervicale de la moelle, surtout chez les animaux.

En tous cas, nous croyons que, jusqu’ici, le hachich est la seule substance toxique dont l’absorption provoque le symptôme hydrophobie.

Sur un autre chien, une dose plus forte (25 cc.), injectée assez rapidement dans les veines, a provoqué une violente attaque convulsive épileptiforme. L’amiral s’agite avec fureur, pousse des hurlements anxieux, comme s’il était en proie à des visions effroyables ; le tableau de cet empoisonnement rappelle celui que donnent les chiens empoisonnés par l’essence d’absinthe.

Remarquons, à ce propos, qu’il y a entre les anesthésiques, les narcotiques et les convulsivants une série de transitions insaisissables : le hachich, substance convulsivante, est aussi une substance narcotique (effet terminal), de même que l’éther et l’alcool, qui provoquent l’ivresse à certains moments de leur action, provoquent ensuite le sommeil, la stupeur et le coma.

C. Effets psychiques sur l’homme. — 1o Mouvements fibrillaires inconscients. — Comme dans le hachich un des principaux effets est la rapidité du geste et la traduction immédiate par un geste des idées et des images on pouvait se demander si, ce qui n’existe pas à l’état normal chez beaucoup de sujets, les mouvements fibrillaires inconscients de la main dépendant de certaines représentations mentales, ne viendraient pas à apparaître après l’empoisonnement par le hachich[1]. L’expérience a confirmé d’une manière éclatante nos prévisions G…, qui, à l’état normal n’a aucun mouvement fibrillaire inconscient qui traduise ses conceptions et ses images, sous l’influence du hachich les a de la manière la plus nette, avec une vivacité et une vigueur qu’on a de la peine à soupçonner. De même, le jeune étudiant dont nous avons parlé plus haut, avait aussi des mouvements fibrillaires sous l’influence des images, des représentations mentales.

2o Durée du temps de réaction. — Ainsi qu’avec presque toutes les substances toxiques, malgré l’excitabilité exagérée, il y a un ralentissement de la réaction psychique volontaire, ralentissement qui est considérable. Mes expériences ont porté dans la durée des sensations tactiles et sur celle des sensations auditives. Nous ne donnerons que les chiffres que nous avons obtenus pour les premières, mais nous avons aussi constaté un très grand retard pour les sensations auditives.

  1. Voyez nos communications sur ce sujet : Ch. Richet, Bulletins de la Société de Biologie, 31 mai 1884, et E. Gley, ibid., 5 juillet 1884.