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G. Sergi. — L’origine dei fenomeni psichichi e la loro significazione biologica, 1 vol. in-8o. XXIV-454 p. Biblioteca scientifica internazionale. — Milano, Dumolard fratelli, 1885.

Le volume de M. Sergi contient un essai de psychologie générale faite à un point de vue synthétique. Comme M. Spencer, le philosophe italien étudie les phénomènes psychiques dans leur rapport avec les phénomènes extérieurs. En précisant ce rapport, il fait de l’esprit une fonction de protection, en même temps il le rattache étroitement aux autres fonctions vitales. « Tout ce volume, nous dit-il dans sa conclusion, a été écrit pour démontrer un fait qui est aussi un principe, à savoir que l’esprit est une fonction vitale et une fonction de protection, et que son origine ne diffère pas de l’origine de la fonction de nutrition, parallèlement à laquelle elle vient et se développe. »

M. Sergi s’appuie sur les données de l’embryologie, de la physiologie, de la psychologie comparée, de l’histoire naturelle, et de la sociologie concrète. S’appuyant sur les travaux de Claude Bernard, il pense pouvoir arriver à établir que tous les tissus ont la même origine ainsi que toutes les fonctions, que la différence des tissus dérive de l’évolution du seul élément vivant, le protoplasma ; et que la différence des fonctions est un phénomène qui accompagne l’évolution morphologique. Il sera prouvé ainsi que l’élément nerveux est un dérivé du protoplasma indifférencié, et que sa formation jusqu’au degré le plus élevé est une différenciation fonctionnelle dérivée de l’irritabilité primitive. » L’esprit est ainsi rattaché aux autres fonctions vitales, mais est particulièrement une fonction de protection. M. Sergi l’étudie à ce point de vue et montre comment la fonction de protection se manifeste chez les animaux et chez l’homme par des phénomènes variés. Il est aussi amené à considérer et à examiner d’abord à un point de vue général, la sensibilité, le mouvement, la mémoire, la conscience, comme fonctions de protection, puis en entrant davantage dans l’examen des cas particuliers, les fonctions psychiques dans la série animale et dans les diverses races humaines, et la lutte pour l’existence, l’alimentation, les relations sexuelles, les relations des parents aux enfants, les relations sociales, la religiosité et la moralité. Je cite un passage qui indique l’esprit dans lequel sont faites toutes ces recherches : « Le lecteur se sera aperçu que, en classant et en décrivant les phénomènes psychiques dans la série animale, nous n’avons pas eu pour but de les considérer dans leur évolution, mais d’indiquer simplement la valeur qu’elles ont par rapport à la vie dans les divers groupes d’animaux, quel que soit le degré de leur développement. Et de cette expédition ressort indiscutablement ce qui était énoncé dès le commencement de notre recherche, à savoir, qu’ils sont une partie des fonctions vitales, et que leur origine est due à la protection, comme l’origine des fonctions végétatives est due à la nutrition. » Il avoue que dans la variété des phénomènes produits par le développement de la vie animale, les fonctions psychiques ont une valeur tantôt primitive, tantôt secondaire. Leur rôle natu-