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notices bibliographiques

Tout cela nous montre — et le livre dont nous parlons le corrobore par l’importance accordée à toutes les questions de technique dans la logique formelle — que nos voisins sont bien plus avancés que nous pour l’étude de la logique. En France nous n’étudions guère cette branche des sciences philosophiques. C’est à peine si on l’expose dans nos Lycées et on insiste surtout sur la logique inductive. Quant aux Facultés, je ne sais pas s’il y a un seul cours de province exclusivement consacré à la logique. Cet état de choses explique surabondamment la rareté des publications logiques dans notre pays. En Angleterre, au contraire, on étudie avec ardeur toutes les parties de cette science. La patience des chercheurs anglais est d’ailleurs bien récompensée, car il n’est peut-être pas téméraire de dire que, depuis Aristote, la logique a fait moins de progrès dans le monde entier qu’elle n’en a fait en Angleterre depuis Hamilton — qui peut être considéré comme le restaurateur de ces études — jusqu’à Stanley Jevons.

G. Fonsegrive.

James Mc. Cosh. — A criticism of the critical philosophy. Philosophic series. N° VII, in-12, 60 p.. New-York. Charles Scribner’s sons, 1884.

Le petit livre de M. Mc. Cosh commence par une note de quelques pages sur la vie de Kant, puis, après une introduction assez courte, nous arrivons à l’examen de différentes parties de la philosophie critique. L’auteur est généralement bien sévère pour le philosophe allemand. Ce n’est pas d’ailleurs qu’il ne lui reconnaisse de grands mérites. Il le met sur le rang des grands philosophes. Il le loue d’avoir combattu le sensationisme et de ne pas s’être laissé entraîner au scepticisme par la philosophie de Hume, mais Kant n’en a pas moins commis des erreurs graves et élaboré des théories absolument opposées à ce que M. Mc. Cosh regarde comme la vérité.

Le vice capital de son système, c’est la théorie du phénomène. La conscience n’apercevant que des apparences, des impressions sans réalité objective, voilà l’erreur que Kant a reçue de Hume et dont il n’a pu se défaire. Il faut supprimer cette distinction de l’apparence et de la réalité. Et M. Mc. Cosh nous explique sa théorie de la connaissance et ses idées sur le monde extérieur. Elles sont plus simples qu’originales. D’après lui nous ne percevons pas des impressions, nous percevons des choses. « On me demande ce que j’entends par une chose. Je réponds que c’est un de ces objets simples qui, d’après tous les logiciens, ne peuvent pas être logiquement définis, non parce que nous ne les connaissons pas, mais parce que nous les connaissons d’emblée et que nous ne pouvons rien trouver de plus simple et de plus clair pour les expliquer. » Et M. Mc. Cosh complète cet exposé par des propositions négatives, en montrant ce que, d’après lui, la chose n’est pas. La per-