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notices bibliographiques

léthargie dans l’état de somnambulisme provoqué (Charcot et Richer), et de l’état de veille dans l’état hypnotique (Dumontpallier). On sait aussi que la compression ovarienne dissipe instantanément le sommeil hypnotique. M. Pitres, dans des recherches qui offrent le plus grand intérêt, a constaté que les zones hystérogènes se rencontrent sur tous les points du corps, que leur nombre est très variable, que certaines malades en présentent seulement quatre ou cinq, que d’autres en ont vingt, trente, cinquante et plus encore, et que quelques hystériques facilement hypnotisables n’en possèdent aucune. Ces zones ont en général de 1 à 4 ou 5 centimètres de diamètre ; si la compression de ces zones produit l’effet spécifique, une compression en dehors de leurs limites ne donne lieu qu’à une douleur plus ou moins vive ; ce qui prouve que les actions hypnogènes ne sont pas le résultat d’irritations banales de la peau ou des tissus profonds chez des sujets particulièrement excitables. Il est important d’insister sur cette observation ; car beaucoup d’expérimentateurs ont soutenu que chez les sujets entraînés, quand on veut produire le sommeil, tout réussit. La stricte délimitation des zones hypnogènes montre que cette proposition est fausse, au moins en ce qui concerne les excitations cutanées.

Toutes les zones hypnogènes ne possèdent pas les mêmes propriétés. Les unes provoquent le sommeil, ce sont les zones hypnogènes proprement dites ; les autres le font cesser brusquement, ce sont les zones hypno-frénatrices. Les premières se subdivisent en trois groupes : les zones hypnogènes simples, dont la pression, pratiquée sur des sujets à l’état de veille, détermine une phase toujours la même, du sommeil hypnotique ; les zones hypnogènes à effets successifs, dont la pression donne lieu successivement à des phases de plus en plus profondes du sommeil provoqué, à mesure que cette pression devient de plus en plus énergique ; les zones hystérogénes à effets incomplets, dont la pression ne produit pas le sommeil chez le sujet éveillé, mais fait passer le sujet endormi d’une phase du sommeil à l’autre. Les zones hypno-frénatrices sont susceptibles des mêmes subdivisions. Après ces distinctions minutieuses, l’auteur aborde l’étude de trois malades qui possèdent un très grand nombre de ces zones, distribuées irrégulièrement sur toute la surface du corps, comme par exemple la racine du nez, le pavillon de l’oreille, la région mammaire, le sommet du triangle de Scarpa, la malléole interne, divers segments des doigts, etc. Les zones hystérogènes et hypnogènes coïncident quelquefois, de telle sorte qu’une pression légère produit le sommeil hypnotique, et une excitation plus énergique produit l’attaque. Cependant les deux espèces de zones conservent leur individualité, car par l’électricité statique on peut abolir la zone hystérogène, tandis que la zone hypnogène demeure intacte.

M. Pitres étudie ensuite une hystérique de son service qui est sujette à des attaques de sommeil. On a souvent entendu parler de ces dormeuses, qui restent pendant plusieurs mois plongées dans une léthargie profonde dont rien ne peut les tirer. La malade du docteur Pitres pré-