Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 19.djvu/690

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
686
revue philosophique

forces attractives qui animent les masses pesantes. Mais les autres forces sont neutralisées par la répulsion de l’éther, et, partant, ne sont pas disponibles pour des actions extérieures. Les amères peuvent se mouvoir isolément ou en masses. Ce sont ces derniers mouvements qui produisent la chaleur et la lumière.

5. Quand on parle de rayons de chaleur, de polarisation, on a en vue le mouvement de l’éther, tandis que quand on parle de la température d’un corps, il s’agit du mouvement des atomes ou des molécules.

6. L’électricité est regardée tantôt comme force, tantôt comme mouvement. Comme force, elle a son siège dans les amères, dont chacune contient les deux espèces d’électricité réunies de manière à former un groupe d’électricité neutre. La décomposition de cette dernière produit l’électricité libre.

7. Dans tous les corps chimiques, il y a toujours une des deux électricités qui prévaut. Celle-ci exerce une influence sur la couche d’éther qui enveloppe le corps et refoule les amères d’électricité contraire. Comme les particules d’éther sont toujours en mouvement, il se formera de petits courants électriques qui, à cause de l’attraction de l’atome, ont l’inclination de courir dans la direction de la tangente et de devenir circulaires. Nombre de ces petits courants forment ensemble le courant moléculaire qui fait de l’aimant un aimant moléculaire.

8. On a souvent admis que le volume des atomes est excessivement petit, relativement à l’étendue qu’ils occupent dans les corps et qu’ils se meuvent dans ceux-ci comme les astres dans l’espace. Il n’en est rien. Le volume de l’atome est relativement très considérable, parce que dans le cas contraire, toutes les substances devraient être diathermanes. Sur ce point, nous ne pouvons que renvoyer M. Naegeli à M. Tyndall et à son livre : La chaleur considérée comme mouvement. On y trouvera énoncées d’autres idées sur la diathermanéité.

9. Les atomes sont formés par la réunion d’amères isolées ou de groupes d’amères. L’atome est un système solide, non changeant, en ce qu’une grande partie de ses amères y gardent leur place respective, tout en se livrant à des mouvements oscillatoires, une autre partie des amères voyagent à travers le corps de l’atome. Il s’ensuit que les particules les plus fugitives quittent celui-ci, et qu’elles sont remplacées par des amères venant de l’extérieur. Ce changement a pour conséquence un changement dans les attractions et les répulsions que l’atome exerce sur son voisinage. Nous pouvons conclure que les atomes doivent également changer peu à peu d’une manière permanente.

10. L’attraction chimique de deux atomes consiste dans la somme de toutes les attractions, moins la somme des répulsions. Quand plusieurs atomes se réunissent pour former une molécule, les plus fortes influences chimiques se manifestent entre les atomes qui sont en face l’un de l’autre ; mais les influences entre les parties éloignées n’en existent pas moins, seulement elles sont diminuées selon le carré de la distance. Quand deux molécules se rapprochent, elles s’influencent réci-