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Notes. — 1. On confond assez souvent l’atome physique avec l’atome métaphysique. Le premier est un petit corps composé de particules que l’état actuel de la chimie ne sait pas encore décomposer. Le second, imaginaire, est un centre indivisible, sans étendue. Il est impossible de construire avec lui quelque chose de réel.

2. Il faut admettre l’infinité, non seulement dans le temps et dans l’espace, mais également dans la composition et l’organisation de la matière.

3. On appelle entropie le degré d’inclination que possède la nature à accomplir un fait dans un certain sens et de changer un corps dans un sens donné. Appliquée à l’univers, l’entropie doit amener un moment où il n’y aura plus de différence de chaleur. Cette assertion serait juste si la loi de l’entropie était universelle, mais il n’en est rien.

4. Le système nerveux reçoit des impressions sensibles en ce qu’il est affecté par les vibrations des molécules de l’air. Nos représentations du monde extérieur peuvent être certaines, probables ou possibles. Sous un autre rapport, nous pouvons les diviser en représentations du monde physique et en représentations du monde métaphysique. Les premières ressortissent à la science ou à la superstition ; les secondes à la foi transcendentale ou à l’incrédulité.

5. La loi de la gravitation est un résultat de l’expérience ; cette loi est vraie pour les distances les plus petites comme pour les distances les plus grandes. Les mathématiques sont également une acquisition de l’expérience. Du reste, remarquons qu’on a tort de parler de l’apriorité comme principe général ; un pareil principe n’existe pas. Toutes nos notions sont acquises. Si nous les possédions à priori, il faudrait admettre qu’elles sont déjà en germe dans l’albumine, et à plus forte raison, dans les animaux dont l’existence a précédé celle de l’homme.

La nature objective existe-t-elle ? Pour répondre à cette question, il faut ramener aux atomes, dont l’existence est démontrée par la chimie, les représentations des objets extérieurs. La couleur du bluet est produite par les vibrations des molécules d’éther qui se répètent 700 000 000 000 de fois dans une seconde. Notre oreille perçoit les sons, quand les molécules de l’air font un nombre donné de vibrations en une seconde. Les états liquide, solide et gazeux, sous lesquels nous connaissons l’eau, sont dus à des vibrations différentes de ses molécules.

6. On appelle force, la propriété d’un corps d’exercer une certaine influence sur un autre. La matière nous apparaît comme une masse qui ne manifeste pas de force. Mais quand nous l’analysons, nous trouvons qu’elle se compose de particules qui changent de position, et qui, par leur mouvement, exercent une influence les unes sur les autres.

7. Les qualités qui distinguent les choses naturelles ne sont pas absolues, mais seulement relatives, attendu qu’elles sont le résultat de relations quantitatives. Tous les corps naturels, en effet, sont formés des mêmes éléments chimiques réunis en quantités inégales.

8. Peut-on rapporter les faits psychiques à la vie corporelle ? Cette question en comprend deux autres : a. Est-ce que les mouvements