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un idioplasme d’ordre In In-1 In les marques réalisées dans l’ordre. Il en est autrement avec les germes d’accommodation. Si l’idioplasme subit un changement conforme à de nouvelles conditions extérieures, les germes antérieurs peuvent subsister à côté des nouveaux sans s’affaiblir ou disparaître.

Dans l’idioplasme, il y a des germes capables de se développer et des germes incapables de se développer. Parmi les premiers, il faut distinguer ceux qui se développent nécessairement et ceux qui se développent accidentellement. Une plante produit cent fleurs dans un terrain fertile, alors qu’elle n’en produit que dix dans un terrain de sable.

D’après le physique des enfants, on ne saurait jamais dire quels germes leur viennent ou de leur père ou de leur mère. En règle générale, nous pouvons dire que l’enfant a toutes les qualités de ses parents, et il n’a que celles-là. Il arrive cependant qu’il y en a qui restent à l’état latent, mais elles ne sont pas perdues, elles peuvent reparaître dans des générations postérieures. La première partie de cette proposition est sujette à caution, à moins que M. Naegeli ne regarde comme qualités des parents leurs dispositions accidentelles, telles que la maladie, l’ivresse, etc…

V. Les différents changements qui surviennent dans les organismes, grâce aux influences extérieures, donnent naissance aux variétés et aux races. Les variétés sont le résultat des modifications de perfectionnement et d’accommodation subies par l’idioplasme. Elles se distinguent par leur uniformité et restent constantes sous les influences extérieures les plus différentes. Les variétés ne se croisent que difficilement avec des variétés apparentées ; elles n’appartiennent pas à la culture et se développent très lentement. Par contre, elles existent pendant des siècles entiers. Elles peuvent prendre toutes les modifications possibles sans montrer toutefois des différences de race, parce que les commencements de ces différences sont anéantis par la concurrence.

Tandis que les variétés se forment par l’augmentation des germes idioplasmatiques, les races proviennent d’un changement dans le rapport des qualités apparentes et des qualités latentes, et ce changement est dû aux modifications produites par les croisements et les maladies. Dans le premier cas, les races présupposent des croisements entre des variétés apparentées, dans le second, un accroissement de sensibilité de l’idioplasme. La formation des races commence par des individus, et souvent dans des directions différentes chez plusieurs d’entre eux. Comme le croisement ne se rencontre que fort rarement dans la nature à l’état sauvage, M. Naegeli désigne les marques qu’il produit sous le nom de marques anormales. Celles-ci naissent et disparaissent rapidement. Les races appartiennent à la culture.

À côté des races et des variétés, nous devons distinguer une autre catégorie de formes dont les marques ne sont pas héréditaires, et que nous pouvons désigner sous le nom de modifications. Elles sont produites par différentes influences extérieures, telles que le climat et la