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G. POUCHET. — la biologie aristotélique

nécessaire[1]. Tous les ruminants ont les estomacs faits de même. L’aliment passe de l’un à l’autre, allant du premier au second et au troisième, selon qu’il est plus ou moins trituré, et enfin au quatrième quand il est complètement réduit en bouillie (Des parties, III, 14). On croyait probablement alors que l’aliment remonte plusieurs fois des estomacs à la bouche. Ceux-là portaient déjà d’ailleurs les noms descriptifs que nous leur donnons encore : μεγάλη κοιλιά, le grand estomac, la double ; κεκρύφαλος, le filet ou bonnet ; ἐχῖνος, le portefeuille ou feuillet ; ἤνυστρον, le terminal. Les fermiers d’alors se servaient de ce dernier comme aujourd’hui, pour fabriquer le fromage[2].

Georges Pouchet.
(À suivre.)

  1. Il existerait un poisson qui rumine, le Scare (Scarus cretensis probablement — Voy. Athénée VII, 113). Ce poisson à l’encontre des autres a les dents plates au lieu de les avoir aiguës (Des parties, III, 14), c’est donc aussi, sous un certain rapport, une dentition imparfaite.
  2. Il est dit un peu plus loin (Des parties, III, 15) qu’on se sert, pour cet usage, du troisième estomac. C’est certainement une erreur, à moins qu’on ne tienne pas compte de la panse ou double. Il est dit également que l’estomac simple du lièvre jouit de la même propriété de cailler le lait parce que cet animal se nourrit d’herbes succulentes (ὀπώδης πόα).