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G. TARDE. — le type criminel

la société, bien plutôt que son système de pénalité, et sa criminalité se modifiera. Sur cette conviction fortement motivée (Nuovi orizzonti, 3e édit., p. 345 et s.) repose au fond la théorie de Ferri sur les Sostitutivi penali, sur les équivalents de la peine, autant vaut dire sur les équivalents du crime, dont nous aurons à reparler une autre fois.

Il n’est donc pas vrai que le crime, même réduit à un minimum numérique soi-disant irréductible et assignable d’avance, ait été placé, dès l’origine, à la manière de l’amour, pour parler comme un chœur antique, « parmi les forces éternelles et divines qui meuvent ce monde ». Son origine est historique avant tout, son explication est avant tout sociale. Mais, en admettant qu’il disparaisse un jour, les variétés de la nature humaine dont il s’alimente aujourd’hui, et qui, réunies, composent son type, n’auront point disparu pour cela. Elles se seront dispersées et réparties entre d’autres types. En attendant, et je crains bien que l’attente ne soit longue, — le type qu’elles forment ne perd rien de sa réalité, parce que sa permanence indestructible doit être réputée très contestable.

G. Tarde.