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G. POUCHET. — la biologie aristotélique

ces cavités existent chez l’embryon des quadrupèdes vivipares encore contenu dans la matrice, et qui n’a pas respiré,

Le foie et la rate placés à droite et à gauche ont été probablement considérés dans la haute antiquité comme des organes pairs, de même que les reins, les testicules, etc.[1] Aristote ne paraît pas complètement affranchi de cette erreur : « par leur situation les deux viscères se correspondent ; leur nature n’est pas en somme très différente ; la rate est comme un faux foie ; on remarque, en effet, que chez les animaux où elle n’est pas bien développée, comme les ovipares, le foie est toujours profondément divisé en deux lobes, l’un à droite, et l’autre à gauche qui semble tenir la place de la rate. » Aristote cite à ce propos les Sélaciens où la rate, spécialement chez certaines espèces, peut être aisément méconnue, et dont le foie présente en effet ces deux divisions à peu près égales occupant l’une le côté droit, l’autre le côté gauche de l’abdomen.

Le foie partage presque l’influence du cœur. Le foie et la rate sont riches de sang, par conséquent chauds, et contribuent à la coction des aliments, mais ce rôle est surtout dévolu au foie, sans que nous comprenions bien en quoi il consiste. La collection aristotélique ne fait d’ailleurs nulle part mention de la veine porte, autrement que comme une des branches de la grande veine (voy. t.  XVIII, p. 542), il ignore qu’elle se perd dans le foie, fait dont la connaissance conduira Galien à regarder le foie comme l’organe où s’élabore le sang aux dépens des aliments puisés par la veine porte dans l’estomac et dans l’intestin.

La rate, de son côté, nous est donnée par Aristote comme attirant à elle les liquides distillés ou extraits par l’estomac ; et en raison de sa qualité sanguine elle les cuit[2]. Nous n’en savons pas aujourd’hui beaucoup plus long.

Aristote énumère les animaux qui n’ont pas de vésicule biliaire (Des parties, IV, 2), entre autres le cheval. Si la bile doit être surtout considérée comme une sorte d’excrétion, l’auteur ne semble pas rejeter non plus l’opinion de ceux qui prétendaient que cette hu-

  1. Voir plus haut (p. 542 et 543) le parallèle entre les veines splénique et hépatique de la saignée, la méconnaissance de l’artère splénique, etc.
  2. Mais « si ces liquides sont trop abondants ou que la rate n’ait pas assez de chaleur, les animaux deviennent malades par replétion de nourriture. De même le cours rétrograde des humeurs chez beaucoup de spléniques ou d’hypochondriaques cause des indurations de l’intestin (dyspepsies ?) ; les diabétiques (polyuriques) en présentent aussi, parce que l’humide est rejeté (en excès) ». Des parties, III, § 7.