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puberté, les testicules alourdis réagissent sur la voix et c’est pour cela qu’elle se modifie surtout chez les hommes, Si on supprime les testicules, les conduits se détendent comme une corde ou comme la chaîne du tisserand dont on a enlevé le poids ; et par suite le centre qui met la voix en mouvement se relâche (Gen., V, 30). Telle est, ajoute l’auteur aristotélique, la raison pour laquelle les individus châtrés changent de voix, et non, comme certains le pensent, parce que dans les testicules sont concentrés un grand nombre de principes (ἀρχή). Nous sommes bien forcés de convenir aujourd’hui que les testicules renferment, en effet, un grand nombre de principes, d’archées si l’on veut, dont nous ignorons absolument la nature, mais qui ont un retentissement trop évident sur le reste de l’économie pour qu’on en puisse méconnaître l’existence. Si la constater n’est pas expliquer leur action, il faut du moins convenir que ceux qui bornaient là leur science, avaient raison contre les théories dont nous venons de donner un aperçu.

VII

les viscères abdominaux.

Quand on ouvre l’abdomen d’un animal, tous les viscères apparaissent à peu près séparés les uns des autres et comme flottants dans une cavité fermée, celle du péritoine. Elle se remplit d’air aussitôt, mais on s’assure qu’elle n’en contient pas pendant la vie, en l’ouvrant sous l’eau. Aristote n’avait pas fait cette preuve, mais sans doute la discontinuité des organes avec les parois de l’abdomen ou du thorax, ne l’en eût pas moins frappé, il admet que les viscères sont séparés par une sorte de πνεῦμα. Ce terme est toujours difficile à comprendre et à rendre, il a tenu une place considérable dans la biologie pendant des siècles et la signification en a beaucoup varié. Ce que l’on peut dire, c’est que le πνεῦμα est toujours essentiellement un fluide élastique. Or l’examen des embryons démontre à Aristote que les cavités du péritoine, de la plèvre (an peut y joindre celles des articulations, des méninges), sont déjà formées de très bonne heure et de plus, que le pneuma dont elles sont pleines ne provient ni de la respiration de la mère ni de celle du fœtus. L’exemple des oiseaux, des poissons, et des insectes le démontre : les oiseaux se forment dans un œuf et par conséquent, indépendamment de la mère, les poissons également, les insectes ne respirent pas ; enfin