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ANALYSES.f. masci. Coscienza, etc.

choix intellectuel a lieu en vertu d’un conflit de tendances ; le caractère passif ne paraît donc pas une différence de nature entre les deux formes de la volition. M. Masci, lui, affirme que la délibération caractérise l’activité volontaire. L’opinion contraire est fondée sur l’hypothèse que la délibération est une évaluation comparative de plusieurs possibilités, et qu’elle exige un temps appréciable ; mais la délibération peut consister dans la simple détermination consciente d’agir, laquelle exige un choix entre faire et ne pas faire, choix d’autant plus rapide que les raisons de faire sont plus grandes, et plus faibles les raisons de ne pas faire. Autre objection le retour de l’acte volontaire à l’automatisme est considéré par M. Schneider comme un des progrès les plus essentiels de la vie psychique. Pour M. Masci, l’automatisme ne paraît désirable et bon qu’en tant qu’il rend possible un développement ultérieur de l’activité volontaire et sa direction vers des fins plus élevées. À l’opinion de M. Masci on pourrait opposer celle de M. Herzen, qui, on le sait, entrevoit pour l’humanité une ère de perfection automatique où la raison serait soustraite au travail de la réflexion et de la généralisation. Enfin, selon M. Schneider, les phénomènes de connaissance sont consécutifs de la volonté, et naissent en vertu de l’adaptation : ils peuvent donc se réduire à l’attention. L’identification de la volonté avec une série d’actes attentifs, est ce que M. Masci trouve de plus défectueux dans la théorie. La distinction entre l’attention et la délibération apparaît à l’observation la plus vulgaire. Volontaire, l’attention est un effet de la délibération ; en elle-même, elle est un fait de connaissance, et non d’activité proprement dite. En outre, l’explication ici adoptée paraît en désaccord avec le caractère général de la théorie, qui se propose de présenter la volonté comme un phénomène d’activité, non de connaissance. La propre opinion de l’auteur est que « la volition n’est pas l’impulsivité de la représentation par elle-même (appétition), mais l’impulsivité transformée en conscience, et la conscience transformée en impulsivité. »

III. Liberté. — La simple conscience donne le sujet, la conscience de la volonté donne le sujet comme cause. Pour achever de construire la personnalité morale, il faut que la volonté apparaisse comme puissance des divers et des contraires. L’auteur étudie d’abord historiquement cette dernière condition de l’existence du sujet moral, la liberté. Cet examen un pen laborieux nous conduit (page 183-264) de Platon à Kant. Les trois derniers chapitres sont un résumé critique des arguments relatifs au problème de la liberté qui ont récement fait l’objet dans cette revue de discussions ou d’analyses trop connues pour être utilement reproduites. L’auteur conclut tout à la fois contre les indéterministes et contre les déterministes. La liberté d’indifférence, d’après lui, est inconciliable avec le principe de causalité ; elle n’est pas attestée par la conscience, ni psychologiquement prouvée en aucune manière ; elle n’est pas un postulat éthique. Mais, d’autre part, le déterminisme rigoureux (même seulement psychologique) détruit