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ment des théories de Spencer, de Ribot, de Wundt et de Schneider.

L’auteur considère comme heureuse à beaucoup d’égards la tentative faite par M. Ribot, dans les Maladies de la volonté, pour compléter et corriger la théorie de Spencer. Pour ce dernier, la simple interruption de continuité automatique entre l’excitation et le mouvement suffit pour expliquer la volonté, la délibération n’étant au fond qu’un conflit de représentations des possibles. M. Masci reproche à cette théorie un certain caractère de passivité en opposition au caractère d’activité qui distingue en réalité le phénomène volontaire ; il lui reproche l’identification de la volition avec l’appétition consciente, et la réduction d’un phénomène aussi complexe au type uniforme d’une incohérence entre l’excitation et le stimulus. M. Ribot de son côté met la théorie d’accord avec les faits en reconnaissant deux fonctions de l’activité volontaire, l’impulsion et l’inhibition, et l’existence d’un sujet artificiel produit en partie par l’expérience, mais qui est au fond l’expression psychique de l’organisme. Il attribue à ce sujet un rôle essentiel dans le choix, qui n’est plus le résultat d’un pur conflit de motifs. Il fait donc sa part au facteur personnel. M. Masci félicite M. Ribot d’avoir, par des faits pathologiques, montré que l’impulsion et l’inhibition ne sont pas des propriétés secondaires, mais primaires du phénomène volontaire, et qu’elles doivent entrer dans sa définition. Il est vrai que M. Masci explique le caractère par la volonté : loin de le considérer, avec M. Ribot, comme un équivalent de l’organisme, il y voit une formation de nature éminemment psychique, dont le plus important facteur est la volonté. Celle-ci trouve seulement dans l’organisme des conditions favorables ou défavorables, dont elle s’aide ou auxquelles elle résiste. La volonté est, en définitive, pour M. Masci, « un fait d’activité qui se produit dans la conscience et par la conscience », tandis que l’appétition est un état passif, « un produit de la nature donnée du moi, que la conscience trouve et ne fait pas. » M. Masci aura de la peine à prouver que l’appétition ne contient pas un élément, si petit qu’il soit, d’activité.

Les théories précédemment examinées identifient la volonté avec l’appétition consciente. Celles de Wundt et de Schneider la considèrent surtout comme un phénomène de connaissance et comme un phénomène d’activité. L’auteur reproche au premier de faire de la volonté une aperception, de la ramener à l’attention, et ainsi de supprimer toute distinction entre nos diverses facultés En effet, l’imagination et le songe, la pensée et la mémoire peuvent se ramener à l’aperception. Wundt se défend mal en opposant le mécanisme à l’aperception : car, dans sa théorie, l’aperception elle-même ne se sauve pas du mécanisme, excitée qu’elle est par les représentations au moyen du sentiment. Quant à Schneider, il identifie, lui aussi, la volonté avec l’appétition consciente. De plus, il ne considère pas le choix comme un caractère distinctif de la volition, parce que le choix ne se trouve pas dans certains actes dits volontaires, et que certaines actions instinctives comportent elles-mêmes une forme d’élection pour ainsi dire passive. Le